Voyage en ascenseur
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Thème
On a tous eu peur un jour d’être coincé dans un ascenseur une veille de weekend prolongé. C’est ce qui arrive à Juliette, la femme du PDG, très énervée et rapidement hystérique et à Moctawamba, l’homme de ménage africain, sage et lunaire.
On imagine aisément la rencontre que ces deux-là vont vivre, l’un avec l’autre autant qu’avec eux-mêmes. Ce voyage immobile va leur révéler les ressources insoupçonnées, les beautés, et les vérités inavouées qu’ils gardaient cachées.
Points forts
1/ Un texte efficace et burlesque. Sophie Forte dont on connaît la drôlerie maintes fois exprimées au café théâtre ou à la télévision, utilise cette situation incongrue pour brosser avec affection les portraits de ces deux êtres antinomiques que l’humour et la tendresse vont rapprocher.
2/ Les deux interprètes, chacun bien dans leur rôles. Corinne Touzet joue avec un entrain communicatif cette femme énergique mais désabusée, angoissée puis apaisée et prend son public par la main pendant tout le spectacle. Jean-Erns Marie-louise est une belle découverte, “sa petite merveille” comme Corinne Touzet le présente. Tour à tour impassible et très en colère, il promène sa silhouette fluide dans cet ascenseur comme s’il était sur son territoire.
3/ Le mot de la fin : aujourd’hui, les comédiens ne parlent plus à la fin d’un spectacle et c’est un peu du lien qui les relie aux spectateurs qui se délite. Corinne Touzet prend le temps d’expliquer en quelques mots son engagement pour cette pièce (saviez-vous qu’elle a une grand-mère antillaise ?) et lui octroie ce petit supplément d’âme qui conquiert son public.
Quelques réserves
La pièce joue sur un double registre : celui de la drôlerie, dans la confrontation de ces deux personnages opposés, réunis dans des circonstances exceptionnelles; et celui de l'humanisme, sur le thème du “vivre ensemble”. Le ressort comique est bien exploité et fonctionne. Malheureusement, la pièce bascule vers un propos plus moraliste, auquel bien sûr on adhère, mais trop sage et lisse pour nous émouvoir véritablement ou nous surprendre.
Encore un mot...
Des personnes ordinaires confrontées à une situation extraordinaire: certes, Sophie Forte joue bien sur sur cette dualité de la cage d’ascenseur, qui se fait prison puisqu’on ne peut pas échapper à la rencontre de l’autre et de soi-même; puis qui devient un élément permettant de s’élever dans la connaissance, la découverte et la compréhension de l’autre, suscitant d’étonnantes interactions entre les êtres. Mais le tout est trop convenu.
Une phrase
Ca commence mal :
- Lui : tant que tu doutes n’affirmes pas, mais si tu affirmes, ne doute plus.
- Elle : voilà, je ne sais pas pourquoi mais je le sens très très mal ce weekend
Et se termine bien :
- Lui : maintenant que je suis habitué à entendre toutes vos bêtises, je vais avoir du mal à m’en passer
L'auteur
Sophie Forte s’est fait connaître par ses sketches et ses one woman shows qu’elle a portés avec verve au café théâtre, à la télévision (Vivement Dimanche, Frou-Frou ou La Classe) et à la radio (Rien à cirer). Parallèlement, elle tourne dans de nombreux films et passe à la réalisation en 2017. Elle écrit également des chansons, aussi bien pour les enfants que pour les adultes (huit albums et des tournées dans toute la France). A partir de 2006, elle écrit aussi des pièces de théâtre, qu’elle n’interprète pas toujours. “Voyage en ascenseur" est déjà sa dixième pièce.
Commentaires
Difficile de dire un mot en sortant du théâtre
On est plutôt enclin à la réflexion.. ......
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