Votre Maman
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Thème
Trois personnages principaux s’affrontent quasi-quotidiennement dans une maison de retraite médicalisée : un directeur d’établissement constamment dépassé par les événements et se gavant de calmants ; une patiente à la mémoire mitée et son fils, rempli d’amour pour sa maman et essayant d’avoir une conversation suivie avec elle.
Points forts
- L’immense bienveillance du fils face à la tournure décousue que prennent les discussions avec sa mère atteinte d’Alzheimer. Cette pathologie fait disparaître la mémoire immédiate mais conserve mieux les souvenirs très anciens. Le fils jongle habilement avec les réponses saugrenues de la mère à ses questions. Et Dieu sait combien ces échanges peuvent être déconcertants. Lui reste d’humeur égale, le sourire aux lèvres, devant une mère qui ne le reconnaît qu’un jour sur deux. L’agressivité de sa mère, due à sa maladie, ne l’émeut pas. Son amour filial est infini.
- Le personnage de la mère est plein de drôlerie et provoque le rire par ses déclarations inattendues, souvent malicieuses, et ses coups de parapluie inopinés.
- La distribution est superbe. La mère, Colette Louvois - ancienne sociétaire de la Comédie Française – est émouvante, vit son rôle avec un naturel époustouflant. Le fils, Marc F. Duret, débordant d’amour, est touchant. Quant au directeur, Jean-Paul Comart, son humeur oscille en permanence entre ses problèmes de gestion et son devoir d’humanité envers ses malades.
- L’auteur a pris le parti de faire répéter systématiquement chaque propos par celui à qui il est adressé. Cet effet stylistique, quelque peu déroutant, est paraît-il souvent utilisé en poésie… Mais cette redondance a le mérite d’insister sur le fond des questions posées ou sur les messages à faire passer.
- La mise en scène est du meilleur effet : un double jeu de voilage et son utilisation en ombres chinoises ludiques donnent de la légèreté à l’ensemble et permettent une transition adoucie entre des scènes plutôt dures.
Quelques réserves
L’intervention du quatrième larron dans cette pièce. Son utilité interroge et ses coups de sifflets intempestifs laissent perplexe.
Encore un mot...
- Ce spectacle colle à l’actualité, à une époque où les personnes âgées, atteintes d’une maladie comme Alzheimer, requérant des soins constants, sont installées dans des institutions où on leur retire leurs objets personnels les plus chers et leurs souvenirs.
- Cette absence de repères familiers est néfaste. Ici, le parti est pris de faire comme si tout allait bien et cette profonde humanité de tous les instants est réconfortante. Cette pièce est un hymne d’amour d’un fils à sa mère.
Une phrase
Les dialogues sont par trop décousus pour en tirer un extrait. Tout est dans le ressenti plutôt que dans le texte.
L'auteur
- Jean-Claude Grumberg (né en 1939 à Paris) a eu une enfance marquée par les rafles et la déportation de son père, mort à Auschwitz. Ce traumatisme le poursuivra dans toute son œuvre.
- Tout à la fois écrivain et scénariste, il travaille beaucoup pour le théâtre avec, entre autres pièces, Demain une fenêtre sur rue, Chez Pierrot et Amorphe d’Ottenburg. Puis il écrit Mon Père, Inventaire et Pleurnichard. Enfin, il aborde des sujets qui lui tiennent à cœur, l’occupation et le génocide, avec sa trilogie composée de Dreyfus (1974), L’Atelier (1979) et Zone libre (1990). Au cinéma, il est coscénariste de François Truffaut pour Le dernier Métro, ainsi que pour Amen, Le Couperet et Eden à l’Ouest de Costa Gravas.
- Récompensé par de nombreux prix, il écrit La plus précieuse des marchandises (2019), ouvrage pour lequel lui est décerné le prix spécial des libraires et prix des lecteurs.
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