Vera
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Thème
A Prague, dans une société libérale mondialisée à outrance, où tous les coups sont permis, on assiste à la « grandeur et misère » d’une directrice d’agence de casting, forte de sa puissance, enivrée par son pouvoir, insensible et cruelle, qui va connaître une déchéance digne de cet univers sans pitié. La leçon lui sera-t-elle utile ?
Points forts
1- Une bonne distribution avec à sa tête une Karin Viard magnifique, trépidante et glaciale, pleine d’un allant exceptionnel. Et, autour d’elle, cinq acteurs jouant plus d’une vingtaine de personnages. On s’y perd un peu d’ailleurs...
2- Les images omniprésentes qui cadencent le rythme infernal de l’œuvre en lui donnant un caractère cinématographique.
3- Hélène Noguera est la seule auprès de Karin Viard à se détacher de ce groupe gesticulant. Je fais une exception aussi pour le rôle du père, très important, et bien tenu par Rodolfo De Souza.
Quelques réserves
1- Cet univers impitoyable, quasi monstrueux, est révélé d’une manière hyper baroque par les metteurs en scène. On a très vite l’impression de saturer. D’autant que les changements multiples et le désordre parfois organisé sur la scène ne permettent pas d’entendre le texte.
2- Ce texte, adapté par Pierre Notte est en vente. Je l’ai lu. Curieusement, ce n’est pas ce que j’ai vu...
Encore un mot...
C’est un spectacle brillant, créé à Caen et produit sur plusieurs scènes nationales. Il y a de grands moyens développés comme une superproduction. Et pourtant, malgré Karin Viard, tout à fait exceptionnelle, je ne suis pas parvenue à entrer, de manière sensible, dans cet univers manichéen, presque caricatural.
Je pense à Jean de La Fontaine : « Ne forcez pas votre talent, vous ne feriez rien avec grâce. » A force de vouloir trop démontrer, on risque de passer au dessus du sujet.
Durant la pièce, un peu longue, on se prend à rêver à des rôles plus humains, pour cette superbe actrice.
Une phrase
A la morgue:
Le Policier : "Est-ce qu’elle était dépressive – mademoiselle Mulerova ? Est-ce qu’il lui arrivait de faire des crises d’angoisse ?
Véra : Ben comme ça – souvent, oui.
Le Policier : Vous voulez dire que les acteurs sont souvent dépressifs ? Quelqu’un se suicide ?
Véra : Oui, c’est ça.
Le Policier : Les acteurs en général, ou les acteurs que vous représentez ?
Véra : Dans ce milieu tout le monde doit pouvoir se débrouiller tout seul. Je ne suis pas leur nounou. Si quelqu’un se suicide uniquement pour m’obliger à répondre au téléphone… Enfin quand même – ça n’a pas de sens, non ? Bien sûr je regrette mais la vie continue. J’en ai dix autres qui se bousculent pour prendre sa place. »
L'auteur
Petr Zelenka, dramaturge, scénariste et réalisateur tchèque, est né à Prague en 1967. Il a réalisé de nombreux films, dont l’un, « Karamazovi », fut sélectionné aux Oscars en 2008.
Il connaît le succès au théâtre en 2001 avec « Petites histoires de la Folie ordinaire » qui sera jouée dans plusieurs pays. Après « Espèces en voie de disparition », au Théâtre National de Prague, il présente à nouveau dans cette ville « Dabing Street ».
Sa quatrième pièce Véra est une commande, créée en 2014. Elle a été jouée depuis 2016 en France, au Théâtre des Célestins à Lyon, au Gymnase de Marseille, à Nîmes et au Théâtre de la Ville.
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