Vania. Une même nuit nous attend tous.
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Thème
Dans la maison familiale, une table est couverte de verres et d’alcools divers. Une famille et un ami discutent de tout : l’écologie, les forêts, l’amour, le temps qui passe, une nouvelle vie peut-être possible, les changements de la société. Les membres de la famille, le professeur, sa belle-mère Maria, sa femme Elena, Vania fils de Maria, sa fille Sonia, la servante Marina, le médecin Astrov. Ils boivent beaucoup en discutant, ils se disputent, sans conséquences, jusqu’au moment où le professeur annonce qu’il va vendre la maison. Alors c’est un déchaînement de haines, de rancunes, d’incompréhensions : Vania et Sonia vivent pour le domaine tandis que le professeur vit dans un autre monde. Vania veut tuer le professeur, mais il en est empêché par le reste de la famille et il s’en va avec Elena.
Points forts
C’est une adaptation très réussie : la pièce semble incroyablement moderne par les thèmes qui y sont développés : le changement et la résistance au changement, le rôle des forêts, le féminisme, l’amour et bien d’autres sujets.
Le texte de Tchekov est respecté dans son ensemble. Quelques modifications étaient nécessaires pour situer la pièce à l’époque moderne : les téléphones portables, l’ordinateur, mais aussi la goutte et les rhumatismes transformés en dépression.
Les acteurs sont excellents, ils jouent avec beaucoup de naturel et rendent la pièce vivante, alors que le spectateur pourrait se lasser de ces interminables conversations.
La mise en scène est simple mais reflète très bien la lenteur du temps qui passe et la monotonie des scènes qui se répètent, comme souvent dans le théâtre russe de cette époque.
La musique du début et les photos de famille à la fin encadrent bien la pièce en présentant des souvenirs d’enfance.
Quelques réserves
Je vois peu de points faibles dans cette belle adaptation, qui peut être comprise même par le spectateur qui ne connaîtrait pas la pièce de Tchékov.
Le professeur Sérébriakov semble bien jeune pour un homme qui parle beaucoup de sa vieillesse, de ses douleurs et de sa mort. Le contraste avec sa femme Elena n’est pas si frappant. Et le remplacement de la goutte par la dépression est bienvenu pour la vraisemblance.
J’ai été frappée par l’élocution de l’oncle Vania : représentant d’un monde qui disparaît, membre d’une famille de petite noblesse campagnarde. Il a souvent un accent plutôt populaire peu en accord avec son personnage.
Encore un mot...
Cette pièce reflète la lenteur du temps, la mélancolie, la résignation, l’omniprésence de la parole : c’est un chef d’œuvre de transposition dans le monde moderne.
Une phrase
Astrov : « C’est un peu étrange… On se connaissait, et soudain, on ne sait pas pourquoi, on ne se verra plus jamais. Tout est comme ça en ce monde. »
Serebriakov : « Le passé est mort, malheur à qui ranime la braise ».
Sonia : « Nous allons vivre, oncle Vania, toi et moi. Nous allons vivre une longue, longue série de jours et de longues soirées. Nous allons supporter patiemment les épreuves que le destin nous enverra. Nous allons travailler pour les autres… »
L'auteur
Anton Tchekov (1860-1904) est un grand écrivain russe. Il est l’auteur de contes et nouvelles (La salle n°6, La dame au petit Chien) mais il est surtout connu par ses pièces de théâtre dans lesquelles il développe sa vision sombre de la vie, sa vision critique de la société de province et sa perception des vocations trompeuses. Ses principales pièces sont : la Mouette (1896), Oncle Vania (1897), Les trois Sœurs (1901), La Cerisaie (1904).
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