Une Maison de Poupée

Magistrale plongée dans les ténèbres d'un couple
De
Ibsen
Traduction : Régis Boyer
Mise en scène
Philippe Person
Avec
Florence Le Corre, Nathalie Lucas, Philippe Calvario et Philippe Person
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Le Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006
Paris
0145445734
Jusqu' au 21 janvier: du mardi au samedi à 21 h

Thème

L’action se passe en Norvège, dans une jolie maison où une famille bourgeoise se prépare à fêter Noël avec ses trois enfants. Nora, la mère, est pleine de joie et de fantaisie tandis que le père, Torvald, avocat et futur directeur de banque, fait preuve d’une grande rigidité. Deux autres personnages arrivent, une amie de Nora, Madame Linde, et un employé de la banque, Krogstadt, ancien ami de Madame Linde et créancier de Nora. L’atmosphère légère s’alourdit, le secret de Nora va être dévoilé, et même si elle a emprunté cet argent pour sauver la santé de son mari, ce dernier ne supportera pas cette entorse à ses principes. La pièce tourne au huis-clos irrespirable, jusqu’au départ du « petit oiseau » Nora, loin de son mari et de ses enfants.

Le texte joué est très proche de la pièce : il est seulement un peu réduit à 1h30 de jeu et à quatre personnages : l’ami médecin, la nounou, les enfants et la bonne disparaissent.

Points forts

  • La pièce atteint une intensité progressive remarquable et le huis-clos se fait de plus en plus lourd.
  • Le personnage de Nora est très subtilement complexe : elle est à la fois le « petit oiseau » joyeux, plein de fantaisie, et en même temps l’héroïne sur qui s‘abat le malheur qu’elle ne peut éviter.
  • La mise en scène et le jeu des acteurs permet de dégager le sens social et philosophique de cette pièce sans lourdeur excessive : Nora ne veut plus transiger avec la vérité, elle veut assumer sa vie indépendante de femme, malgré les sacrifices que cela représente.
  • On assiste à une peinture acérée de la société à travers le personnage de Torvald , psycho-rigide, mais aussi de Madame Linde, au statut peu enviable de femme seule, et celui de Krogstadt, exclu de  la société par son manquement passé.
  • La pièce provoqua un scandale à cause de cette conception inacceptable du mariage pour une femme de l’époque : le spectateur moderne la comprend, en étant amené par les acteurs dans un autre univers.

Quelques réserves

Ils sont bien peu nombreux dans ce  très beau spectacle et ils constituent l’envers d’un aspect positif:

  • Le personnage de Torvald est parfois un peu surjoué dans son autoritarisme et dans l’enfermement qu’il fait subir à Nora.
  • Le choix de supprimer des personnages, nécessité par des impératifs de temps, modifie un peu l’esprit de la pièce : l’absence des enfants et de l’ami médecin, malade, rend l’atmosphère encore plus étouffante. Mais c’est aussi une sorte de condensé d’étouffement.

Encore un mot...

On vit curieusement un moment d’enchantement dans un huis clos qui fait tomber le spectateur au fond de l’abîme.

Une phrase

Ou plutôt un dialogue:

- Torvald : « Il n’y a personne qui sacrifie son honneur pour l’être qu’il aime. »
- Nora : « C’est ce que des centaines de milliers de femmes ont fait. »
(On voit ici par cet échange toute l’incompréhension à l’intérieur du couple.)

L'auteur

Henrik Ibsen (1828-1906) est un grand auteur dramatique norvégien. Ses pièces s’appuient sur une réflexion philosophique et sociale et elles dénoncent les défauts  de la société, en particulier ses aspects conformistes et hypocrites. Les principales : « Brand » (1866), « Peer Gynt » et « une Maison de Poupée » (1879), « Les revenants » (1881), « le Canard sauvage » (1884).

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