Une femme
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Thème
Vivre et mourir. Entre les deux, les souvenirs, la famille, les êtres chers ou non, le chagrin, les lieux, les chambres pour naître, aimer, accompagner sa propre maladie, s'en évader, en faire une épopée poétique....
La pièce "Une femme" a été écrite pour Catherine Hiégel, non pour évoquer sa biographie intime mais, au contraire, sa puissance d'actrice, cette faculté d'aller au plus profond de l'angoisse, de la peur, de la tristesse, sans toutefois nous "plomber". Car elle surgit d'une force incroyable. Elle a des brisures aussi.
Sur scène, nous sommes dans la chambre d'une belle maison contemporaine aux tons noirs et gris. De temps à autre, deux joggeurs passent au petit trot derrière les fenêtres. On entend les éclats d'une fête. Elizabeth ( C. Hiégel) commence à convoquer le souvenir de ses malades, de ses morts. Les titres des séquences sont projetés sur le décor et disent tout de cette pièce à la fois compliquée et simple, abstraite et très concrète. Comme la poésie.
Les titres? La fièvre. Le sang. Le pus. La sueur. Les larmes.....
Points forts
1 L'écriture très personnelle, forte, poétique, rare, de Ph. Minyana. Soufflle à la Dante. Sécheresse à la Beckett. Mais originalité à la Minyana. Cet intellectuel et poète des bois, pourrait-on dire, a écrit de nombreuses pièces montées dans le monde entier par les plus grands metteurs en scène. " La maison des morts" fut jouée à la Comédie Française, avec Catherine Hiégel, sa fidèle. Pour lui :"Une femme" est une épopée intime, un conte cruel, un "grotesque" à la Ensor. Les créatures grimacent, pleurent et font une pirouette".
2 La mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo, un autre fidèle, est profonde, somptueuse. Sa beauté sur fonds noirs, grands arbres, draps de soie, rend la maladie ultime moins pénible sur scène. Pourtant, rien ne nous est épargné : le vieux père régresse nu, en couche-culotte. Les spectateurs qui seraient choqués ne pourraient pas prétendre que c'est une invention gratuite. Et puis, nous restons dans la lumière du talent et du respect, de la grande humanité.
3 Les comédiens sont exceptionnels. A commencer, bien sûr par C. Hiégel dont l'autorité naturelle semble mener la tragédie. Laurent Poitrenaux, joue à la fois le fils malade, le père mourant et l'amant. J'avoue ne pas m'en être rendu compte et je trouvais qu'il manquait un acteur aux saluts de la fin...
J'ai découvert une vraie comédienne et belle: Hélène Noguerra. Oui, celle qui fut longtemps connue pour être seulement " la soeur de la chanteuse Lio"! Elle est Sylvana, la star époustouflante qui se meurt et la fille encore ado plus vraie que nature.
Quelques réserves
Tout est si cohérent que je cherche en vain les points faibles. Peut-être accentuer quelques points de repère pour rendre ce cauchemar des souvenirs un peu plus accessible. Encore que....
Encore un mot...
Nous avons tous nos morts , nos malades, nos chambres du souvenir mais nous ne ressortons pas du théâtre dans l'affliction ou la tristesse. La beauté et la vérité des sentiments l'emporte. Le chagrin est presque affectueux.
Commentaires
Je suis d'accord avec vous. Beaux spectacle avec des comédiens formidables. Magnifique Raoul Fernandez en mme. Paul
Oui , Raoul Fernandez est formidable aussi. J'aurais pu le citer, bien sûr. Spectacle fort et prenant.
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