Un tour de piste
Inabouti
De
Judicaël Vattier avec la collaboration de Bernard Jeanjean et Andreea Toma-Pilot
Mise en scène
Judicaël Vattier
Avec
Guillaume Beyeler, Loïc Labaste, Sophie Lemariey, Yves Buchin
Notre recommandation
3/5
Infos & réservation
Cirque Bormann Moreno
5 rue Lucien Bossoutrot
01 43 17 38 59
Jusqu’au 29 avril. Lundi, 20h
Retrouver également les chroniques Toujours à l'affiche dans cette même rubrique
Thème
- Julien, élégant Monsieur Loyal, un imperturbable sourire plaqué sur le visage, annonce, « les numéros les plus incroyables, les plus irréels », et invite les spectateurs à se laisser gagner par la magie du cirque.
- En coulisse cependant, l’atmosphère est moins glamour : Elsa la trapéziste en a « marre d’être habillée comme un pute » et rêve d’un cirque différent, tandis qu’Oleg le chef moldave de l’équipe technique, règne sur le petit monde des artistes et tente d’y imposer les rigueurs de sa foi et de sa loi.
- Son jeune cousin Ioan va dynamiter la routine des tendresses et des altercations quotidiennes.
Points forts
- Le lieu : le cirque Bormann, installé à Paris toute l’année depuis 35 ans, tout en rouge et or, a tout le charme du genre.
- Montrer l’intérieur de la caravane de Julien, cette grotte lumineuse où se dissipe la facticité de la piste de cirque, mais où la chaleur humaine advient parfois, est en soi une bonne idée, mais la lourdeur du dispositif ralentit le rythme.
- Le charme de Ioan (radieux Loïc Labaste), qui certes parle plus russe que moldave, est indéniable.
Quelques réserves
- On aimerait aimer ce spectacle sympathique et touchant, et qui aborde tant de choses intéressantes : la fin du cirque traditionnel, ses prouesses et ses paillettes qui ne peuvent étouffer l’homophobie, la xénophobie, le sexisme, le besoin d’être aimé et les rêves d’émancipation de tous.
- Seulement voilà : d’une part, les poncifs saturent le texte (le clown est bien entendu vieux, triste et alcoolique) et d’autre part, les thèmes de ce “plaidoyer pour la différence“ sont esquissés, mais vite abandonnés.
- Rien n’est vraiment exploité ni approfondi et cette promenade entre les coulisses et la scène se traine, des numéros maladroits de trapèze au convenu des échanges dialogués.
Encore un mot...
- Il s’agit ici de donner à voir l’envers du décor, les vicissitudes de la vie des circassiens qui, une fois les lumières éteintes et les paillettes retombées, connaissent les mêmes états d’âme et les mêmes difficultés que les autres.
- En mêlant le cirque et le théâtre, ce spectacle participe d’un mouvement de modernisation qui traverse le cirque depuis plusieurs décennies et s’appuie sur l’hybridation des arts de la scène.
Une phrase
- Julien : « Il faut sourire au public, lui montrer que tu es là pour son bonheur, que son bonheur c’est ton bonheur. »
- Elsa : « Quand je suis là-haut, j’oublie tout (…) que le numéro que je fais je le déteste, que c’est une tradition, une autre dimension, que je vis la fin d’un monde. »
L'auteur
- Metteur en scène (L’Indien cherche le Bronx, présenté à Avignon en 2013), comédien ("Super Cabaret", circus productions en 2016,: "Les stars mondiales du Cirque", cirque Holiday en 2017), Judicaël Vattier sait de quoi il parle quand il s’agit du cirque, qu’il pratique depuis l’enfance.
- Il a été le monsieur Loyal du cirque Pinder pour le spectacle La légende continue en 2014, et il sait combien la fluidité des enchainements d’un spectacle est la condition du rêve offert aux spectateurs.
Ajouter un commentaire