Un soir chez Renoir
L’éternelle querelle des anciens et des modernes
De
Cliff Paillé
Compagnie Hé ! Psst !
Durée : 1h15
Durée : 1h15
Mise en scène
Cliff Paillé
Avec
Romain Arnaud-Kneisky, Elya Brman, Alexandre Cattez, Marie Hurault ou Jeanne Ros, Alice Serfati et Sylvain Zarli
Notre recommandation
4/5
Infos & réservation
Théâtre le Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs
75006
Paris
01 42 22 66 87
Du 3 mai au 11 juin, du mercredi au samedi à 19h, le samedi à 16h
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Thème
- Le contexte tout d’abord : nous sommes en 1877, et comme chaque année va se tenir le salon « officiel » et, en parallèle, le salon des indépendants, organisés par ceux qui se réclament d’un art « nouveau ».
- Les personnages ensuite : les peintres dissidents, que la presse a qualifiés d’ « impressionnistes » : Claude Monet, Auguste Renoir, Edgar Degas, Berthe Morisot et un écrivain et critique, Emile Zola. Ils forment un groupe soudé, en réaction contre le classicisme de leur époque.
- Mais, alors que les deux premiers salons des indépendants ont fait un flop, les peintres réunis chez Renoir ne sont pas forcément tous d’accord sur la conduite à tenir. Les difficultés financières dans lesquels certains se débattent et l’obligation de vendre des tableaux pour survivre leur font envisager différemment la suite de leur carrière.
- L’arrivée inopinée de Zola, invité secrètement par Renoir, va également placer le débat sur le terrain esthétique et politique. De quoi enflammer cette soirée entre amis. Chacun va prendre position et devra répondre à la question : faut-il participer au salon officiel et prendre le risque de rompre avec ses amis et ses engagements ?
Points forts
- Nous sommes dans l’atelier de Renoir, et il n’est pas question ici de nous montrer l’envers du décor ou le processus créatif de ces artistes qui ont révolutionné la peinture. Non, il s’agit de les découvrir à un tournant de leur vie, alors qu’ils doivent prendre une décision cruciale pour leur avenir : continuer dans la voie qu’ils ont tracée ou se compromettre avec l’art officiel.
- Ce dilemme est tout d’abord provoqué par leur situation financière : Renoir et Monet n’ont d’autre ressource que la peinture, alors que Degas et Morisot sont rentiers. Cela conduit le premier puis le second à chercher des solutions, à faire des compromis qui se heurtent à la radicalité et l’intransigeance des deux derniers. La pièce permet de développer les arguments des uns et des autres. Emile Zola, qui les soutient et les défend – mais ne s’empêche pas de les critiquer – les pousse également à jouer leur rôle d’artiste en s’engageant en faveur d’une société plus libre et qui rejette les diktats d’un conservatisme qui la contraint.
- Enfin, la scénographie est simple et illustre remarquablement bien la situation. Les vêtements portés, les aliments qui composent le repas, les rapports entre les différents protagonistes sont parfaitement constitutifs de la condition de chacun et des relations qui unissent les personnages.
- La pièce est remarquablement bien distribuée, avec une mention spéciale pour Romain Arnaud-Kneisky et Alice Serfati, qui composent un Auguste Renoir et une Berthe Morisot que tout rapproche et oppose à la fois.
Quelques réserves
Aucune.
Encore un mot...
- Une question parcourt la pièce : se trahit-on en acceptant d’exposer dans un salon qui défend une vision classique de la peinture contre laquelle les artistes luttent ? Ces derniers s’opposent, se disputent parfois violemment, partent, reviennent, se battent.
- Faut-il rester à l’intérieur du système pour mieux le combattre ? En somme, un dilemme au centre de toute création artistique.
Une phrase
- Renoir : « Si on met quelques-unes de nos toiles au Salon, et pas seulement les miennes, le public va pouvoir rencontrer notre peinture.
- Degas : Mais il pourra le faire chez nous.
- Renoir : Mais il ne vient pas chez nous.
- Degas : Il viendra.
- Renoir : Il ne viendra pas. »
L'auteur
- Cliff Paillé écrit des pièces aux thèmes éclectiques, allant de la standardisation des vins au combat des peintres impressionnistes, en passant par le vieillissement, la malbouffe ou encore l’évolution de la condition féminine !
- Ce sont des chroniques parfois caustiques de la bêtise ordinaire, qui mêlent humour, tendresse et réflexion. Des pièces chorales pour troupes d’amateurs. Des pièces souvent historiques, plusieurs fois récompensées.
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