Un Singe en Hiver

De
Stéphan Wojtowicz
d'après le roman d'Antoine Blondin et le film d'Henri Verneuil dialogué par Michel Audiard.
Mise en scène
Stéphane Hillel
Avec
Eddy Mitchell, Fred Testot, Evelyne Dandry, Gérard Loussine, Chloé Simoneau, Stéphan Wojtowicz
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de Paris
15, rue Blanche
75009
Paris
01 42 80 01 81

Thème

Ca se passe en I960. Quinze ans auparavant, à la fin de la guerre, un petit hôtelier normand s'est engagé auprès de sa femme à ne plus boire. Ce qui, depuis, ne lui a pas fait voir la vie en rose... Arrive un soir à l'hôtel un homme jeune et, avec lui, la tentation de "repiquer". Il va le faire, une nuit. Mais le jeune homme repart et lui va rester, avec ses états d'âme.

Points forts

1 Je m'étais beaucoup amusé à voir le film de Verneuil avec les dialogues d'Audiard mais je reconnais  qu'il y avait du bulldozer dans cette version pour le cinéma alors qu'ici il me semble qu'avec cette adaptation de Wojtowicz et cette mise en scène très complémentaire d'Hillel, on est beaucoup plus proche de la finesse et de la délicatesse d'Antoine Blondin. De ce point de vue, la scène finale et le tomber de rideau sont particulièrement révélateurs et je vous mets au défi de ne pas éprouver alors une émotion profonde.

2 On retrouve, en particulier, dans cette version, le respect profond de Blondin pour les êtres dans toute leurs faiblesses, en évitant, sauf cas extrêmes, de les juger. Sa sympathie pour tous ces êtres frêles qui se débrouillent comme ils peuvent en flirtant avec les marges.

3 Et puis il y a la très heureuse surprise Fred Testot dans le rôle que Belmondo tenait au cinéma. Certes on se dit qu'il a dû regarder une centaine de fois la vidéo du film, mais peu importe, il existe vraiment, au-delà de toute référence et il donne à son personnage une densité profonde très "blondinienne", celle de ces êtres légers peu faits pour les contraintes et les aspérités de la vie quotidienne. Il joue tout le temps juste. Chapeau!
 

Quelques réserves

Ce ne sont pourtant pas ses débuts au théâtre puisqu'on l'a déjà vu dans une pièce de Niels Arelstrup, "le Temps des cerises"; mais là, franchement, Eddy Mitchell n'a ni la présence ni l'aisance de l'Eddy Mitchell du "Bonheur est dans le pré"; non pas qu'il soit mauvais, non, mais il donne l'impression de jouer avec le frein à main. Ce qui l'amène à être rigide et presqu'absent. Il joue "assis", le corps lourd, comme s'il lui manquait un bon swing pour se sentir à l'aise.

Encore un mot...


1 Résultat des courses: cette version vaut quand même le coup, essentiellement par son "climat", qui vous incitera peut-être à redécouvrir l'oeuvre de ce surdoué, dilletante, impertinent et nostalgique, si peu fait pour cette époque d'après-guerre, intellectuellement impérieuse et messianique. "L'Europe buissonnière", "Les Enfants du Bon Dieu", "Un Singe en hiver", "Monsieur jadis", "L'Humeur vagabonde" etc... sont vraiment des livres qui valent le coup. Vous serez, je pense, sensible à la malice, la gentillesse, la générosité, le sens des mots et la maîtrise exceptionnelle de la langue de ce ludion de Dieu, égaré dans l'alcool.

2 Justement, à propos d'alcool, dans cette pièce on rit, on sourit, on s'attendrit mais au passage on aura mine de rien entendu, de la bouche d'un expert, des propos parmi les plus intelligents qui soient  sur l'alcoolisme, cette traque aux rêves, aux illusions perdues, cette trappe à angoisse et à peurs en tous genres dont, bien sûr, plus ou moins consciente, celle de la mort.
 

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