Un Picasso
Une toile pour le feu
De
Jeffrey Hatcher adapté par Véronique Kientzy
DUREE : 1h15
Mise en scène
Anne Bouvier
Avec
Jean-Pierre Bouvier et Sylvia Roux
Notre recommandation
4/5
Infos & réservation
Studio Hébertot
78 boulevard des Batignolles,
75017
Paris
01 42 93 13 04
Du 09 avril au 03 juin 2023 Jeudi , Vendredi, Samedi à 19H, Dimanche à 17H
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Thème
- 1941 : Paris est occupé.Pablo Picasso est convoqué par Mademoiselle Fischer, attachée culturelle allemande, dans un dépôt où sont entreposées des œuvres d’Art volées aux Juifs par les Nazis.
- Il doit authentifier parmi elles trois de ses propres tableaux, pour permettre à la propagande allemande d’organiser une exposition « d’Art Dégénéré », dont le point d’orgue final sera un autodafé. Telle est la mission terrible confiée à la jeune femme dans le face-à-face qui l’oppose à l’artiste.
Points forts
- Le très joli duo de comédiens que forment Sylvia Roux et Jean-Pierre Bouvier est rythmé, violent, sensuel et parfois drôle. Incarnant tour à tour le bourreau et la victime, les acteurs font feu de tout bois pour camper des personnages complexes s’affrontant dans l’arène de cette cave sombre. Jean-Pierre Bouvier offre une interprétation incarnée et puissante d’un Picasso-taureau monstrueux, intransigeant, révolté, imbu de son talent. Face à lui, Sylvia Roux est une mademoiselle Fischer ambiguë, pétrie de contradictions, en lutte contre ses propres démons.
- La machiavélique intrigue de Jeffrey Hatcher réussit, avec un format concis, à tenir le pari de nous tenir en haleine dans une pièce à suspens sur le sens de l’art et de son engagement.
- Anne Bouvier a su transformer cet espace clos en un lieu de corrida, où la lutte est sans merci et la chute surprenante. Sa mise en scène sobre, efficace, rythmée se déroule dans une cage dont les barreaux qui la délimitent sont aussi incandescents que les fauves qui veulent s’en extraire.
Quelques réserves
Il n’y en a guère qui méritent d’être relevées.
Encore un mot...
- Les grands enjeux de la pièce sont au nombre de deux : d’abord , la liberté de l’art face au totalitarisme.
- Mais il s’agit aussi de découvrir un artiste complexe au travers d’une fiction parfaitement réussie et maitrisée artistiquement de bout en bout, et c’est un Picasso bien loin de l’image d’Epinal qui nous est ici proposé.
Une phrase
Melle Fischer : « Ma mission était de rapporter un Picasso pour l’autodafé. J’abandonne deux des trois œuvres si vous affirmez qu’elles sont fausses... »
[..]
Picasso : « J’ai dessiné ça quand j’avais treize ans.
Melle Fischer : C’est très bon.
Picasso : J’ai toujours été bon ! »
[…]
Picasso : « Si vous brûlez ces dessins, je les renierais, je dirais partout que ce sont des faux ! »
L'auteur
- Jeffrey Hatcher, scénariste américain, est rapidement devenu l’un des dramaturges plus prolifiques, ses pièces étant fréquemment montrées dans tous les Etats-Unis.
- Après une brève carrière de comédien dramatique, il s’oriente vers l’écriture, avec de nombreuses distinctions à la clef pour ses pièces originales, dont Scotland Road, Neddy, Korczak’s Children, Mercy of a Storm, Work Song et Lucky Duck.
- Scénariste reconnu, il est à l’origine de Casanova et The Duchess, et de Boys Don’t Cry. Il a également écrit des scénarios de séries télévisées, Columbo avec Peter Falk et un épisode du Mentalist. Hatcher a également écrit le scénario du film Coco Chanel réalisé par Christian Duguay et interprété par Shirley Mac Laine pour la télévision. Il a produit de nombreuses pièces de théâtre “off-Broadway“, dont ce A Picasso...
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