Un bon job

Un “homme à penser“ qui donne à réfléchir…
De
Stéphane Robelin
Mise en scène
Stéphane Robelin
Avec
en scène : Stéphane Robelin Avec Philippe Chaine, Juliette Marcaillou, Lionel Nakache, Tom Robelin, Sophie Vonlanthen.
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

La Manufacture des Abbesses
7, rue Véron
75018
Paris
01 42 33 42 03

Thème

  • Raphaël, un jeune homme peu qualifié et “en recherche d’emploi“, subit un entretien d’embauche très serré pour un job dont on lui indique juste qu’il sera fort bien rémunéré. En somme, ce n’est pas pauvre, comme job...
  • Il est finalement retenu pour devenir “l’homme à penser“ de Johanna, une control freak, dont il doit soulager la charge mentale, puisque cette business woman entend garder la haute main tout à la fois sur son entreprise, son compagnon et ses deux enfants.
  • Ce faisant, Raphaël est sommé d’apprendre – et vite ! - à penser comme Johanna, et de s’adapter à son milieu professionnel aussi bien que familial, où se débattent Denis, le compagnon, ainsi que Léa et Paul, deux enfants d’une précédente union, qui se rebellent chacun à leur manière contre l’emprise maternelle.
  • Raphaël va vite perdre son « temps de cerveau disponible » ...

Points forts

  • La dimension satirique de la pièce est fort bien maîtrisée : on pousse ici jusqu’à l’absurde les curseurs d’un système d’exploitation de l’homme par l’homme placé sous les auspices d’un darwinisme pétri de concurrence et de compétition, d’exigences de cash-flow et de flexibilité tous azimuths.
  • Dans ce registre, Johanna, qui campe une obsédée du contrôle dans toute sa démesure,  et son compère Denis, s’en sortent haut la main.
  • De la même manière, Un bon job pose la question, pour les jeunes générations (Raphaël en premier lieu, mais aussi Paul et Léa) de la préservation par l’individu de sa personnalité, sa liberté, ses désirs.

Quelques réserves

  • Certains personnages sont moins denses que d’autres, c’est ainsi que Paul, le fils, une fois tous fixés sur son orientation sexuelle, n’a plus qu’un rôle très subalterne dans l’intrigue. 
  • De plus, la tension qui peut exister entre les différentes vies que mène Raphaël, dans et en dehors du domicile de Johanna (on sait tout au plus qu’il est en couple) constitue un angle mort de la pièce.
  • De la même manière, on sent certains comédiens plus à l’aise dans leur rôle que d’autres, qui, il est vrai, sont moins expérimentés.
  • La pièce ne brille pas par un décor particulièrement original ni par une mise en scène sortant de l’ordinaire.

Encore un mot...

  • Un bon job fait très correctement le sien : la pièce aborde sans détour des questions socio-économiques qui nous taraudent de longue date, et plus encore depuis la mondialisation et les “Trente (et bientôt cinquante) Piteuses“ dans les sociétés développées.
  • En effet, il s’agit bien de savoir à quelles conditions la perpétuation et l’accroissement des inégalités - tant au sein d’une même société qu’entre celles des pays du globe – peut advenir. 
  • Il s’agit aussi de voir dans quelle mesure et sous quelles modalités la principale variable d’ajustement de ces évolutions – l’individu – peut ou non s’adapter, c’est-à-dire, pour parler la novlangue des thuriféraires de ce système, se montrer “flexible“.

Une phrase

Johanna [en plein désarroi, s’adressant à ses enfants] : « Vous imaginez vos vies sans marge commerciale ? »

L'auteur

  • Stéphane Robelin, documentariste pour la télévision, réalise son premier film, Real Movie, qui aborde la manipulation et la perversion au cinéma.
  • C’est dire qu’il ancre très tôt son œuvre dans l’analyse sociale sous tous ses aspects, ce que ne dément pas son deuxième long métrage - Et si on vivait tous ensemble ? - un succès servi par un casting très relevé (Jane Fonda, Géraldine Chaplin, Pierre Richard, Guy Bedos et Claude Rich…).
  • Ensuite, St. Robelin écrivit et mit en scène Un profil pour deux, une comédie adaptée au théâtre en Allemagne et en Autriche.

Commentaires

André, Major H…
mar 27/12/2022 - 07:09

Bonjour, je découvre le site avec plaisir et étonnement.
2023 fera assurément de moi un lecteur assidu et, qui sait, peut être même un contributeur.

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