La ménagerie de verre
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Thème
Aux Etats-Unis dans les années 1930, Amanda Wingfield élève seule ses deux enfants, Tom et Laura, depuis que son mari a quitté le domicile conjugal.
Tom travaille dans un entrepôt mais passe ses soirées au cinéma et se voit comme un poète. Laura, boiteuse et timide, ne fait rien de ses journées, si ce n’est s’occuper de sa ménagerie de verre, composée de minuscules animaux en verre taillé.
Au sein de cette famille dysfonctionnelle, Amanda a bien du mal à se faire entendre. Elle essaye en vain de pousser ses enfants à se réaliser mais subit elle aussi une sorte de crise existentielle.
Elle invité à dîner Jim, un ami de Tom, pour que Laura lui plaise, mais rien ne se passe comme prévu …
Points forts
La Ménagerie de verre contient de nombreuses références à l’époque de l’auteur, la fin des années 30, période encore marquée par la profonde crise économique et sociale de 1929. Le texte est en partie autobiographique, ce qui rend l’histoire d’autant plus émouvante.
La traduction d’Isabelle Famchon est parfaite : elle respecte l’esprit du texte original tout en l’actualisant pour créer les conditions d’un huis clos sensible, poétique, cruel et oppressant. Chaque personnage porte le poids de ses espoirs déçus dans un réalisme social cher à l’auteur, auquel se mêle une réflexion intemporelle sur le pouvoir des rêves.
La pièce nous offre des personnages complexes et fragiles comme les affectionne Tennessee Williams, et qui marqueront toute son œuvre. Comme souvent, l’action se situe dans un intérieur étouffant qui semble davantage encore emprisonner les personnages dans leurs propres incapacités à se sortir de leur situation.
Quelques réserves
Pas de réserve : l’ambition qui accompagne la qualité de l’écriture trouve son prolongement dans la qualité de la mise en scène et de l’interprétation.
Encore un mot...
Tennessee Williams écrivit en 1944 La ménagerie de verre, qui lui donna son premier grand succès public et critique, suivi par un grand nombre de pièces qui seront autant de chefs d’œuvre de la scène et de l’écran.
La pièce a été jouée dans le monde entier et adaptée au cinéma, en 1950 avec Kirk Douglas puis à nouveau en 1987 avec Paul Newman, Joanne Woodward et John Malkovitch.
Cette pièce est régulièrement montée dans des théâtres parisiens.
Une phrase
Jim : « Maintenant à vous, Il n’y a pas quelque chose qui vous intéresse plus que tout au monde ?
- Laura : Eh bien oui, comme je vous le disais, j’ai ma collection de verre
- Jim : Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris ! C’est quoi comme verre ?
- Laura : Des petits objets décoratifs, des bibelots principalement ! Surtout des petits animaux en verre, les plus petits animaux du monde. Maman appelle ça une ménagerie de verre ! Tenez en voilà un, si ça vous dit de le regarder ! C’est l’un des plus anciens. Ça fait presque treize ans que je l’ai.
- Jim : C’est quoi comme animal ?
- Laura : Vous n’avez pas remarqué la corne qu’il a au front ?
- Jim : Une licorne, c’est ça ? »
L'auteur
Né le 26 mars 1911 à Columbus (Mississippi), d’un père alcoolique, joueur, presque toujours absent et qu’il détestait, et d’une mère (Edwina) qu’au contraire il adorait, Tennessee Williams s’essaie dès l’âge de cinq ans à l’écriture de saynètes et de poèmes pour « fuir le monde de la réalité. » Il tente déjà d’échapper aussi à la vie si triste qu’il mène alors dans un cadre familial oppressant, entre un père qui le brime pour sa féminité, une sœur aimante (Rose), mais inadaptée au monde, et une mère figée dans ses souvenirs.
Toute sa vie, l’écriture sera la seule raison d’être de cet écrivain sensible, fragilisé par la découverte de son homosexualité, par un alcoolisme récurrent, mais aussi par l’enfermement de sa sœur chérie pour schizophrénie.
Pendant quelques années, Tennessee Williams exercera plusieurs petits métiers le jour, réservant ses nuits à l’écriture de pièces en un acte. Il attendra 1945 pour connaître son premier succès public avec La Ménagerie de verre. Il a alors trente-quatre ans, et sa notoriété ne cessera de grandir, notamment au fil des dix-neuf de ses pièces qui seront jouées de son vivant à Broadway et dans le monde entier, dont Un tramway nommé Désir (Prix Pulitzer 1948), La Rose Tatouée (1950), La Chatte sur un toit brûlant (Prix Pulitzer 1955), Doux Oiseaux de jeunesse (1959), ou encore La Nuit de l’iguane (1961).
Ce dramaturge aussi torturé que déchiré fut également poète et romancier, auteur de nombreuses œuvres portées à l’écran, et mourra le 25 février 1983 dans une chambre d’hôtel new-yorkaise, officiellement étranglé par le bouchon d’un flacon de médicament.
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