Un amour sans résistance
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Thème
Pendant l'occupation, une femme française professeur d'allemand est contrainte, sous la menace de représailles à l'encontre de sa famille, de traduire des textes pour la Gestapo. Le jeune homme qui lui apporte ces écrits retient vivement son attention. Après une longue absence, ce dernier réapparait lorsque la Gestapo jette dans une cave un groupe de juifs, dont il fait partie. Va s'ensuivre "un amour sans résistance".
Points forts
- La comédienne Chantal Pétillot qui incarne le professeur d'allemand a une diction exquise toute en nuances et un timbre de voix qu'elle module harmonieusement, ce qui tempère un texte fort, assez dur, dont les mots sont choisis, justes mais rudes.
- L'actrice, une rousse aux yeux verts, a une chevelure flamboyante qui attire la lumière dans ce décor minimaliste : un fauteuil, une lampe, une petite table et un service à thé.
- Tout est ambigu dans cette pièce. L'auteur n'a pas précisé dans son ouvrage de quel sexe était le professeur d'allemand. Ainsi, il y aura deux représentations selon que l'enseignant est un homme ou une femme. De même, cette personne sauve le jeune juif des griffes de la Gestapo mais ses raisons ne sont pas claires. Elle nous dit que c'est par amour fou mais elle fait preuve d'une froideur absolue qui cadre mal avec ses propos. Enfin, lorsqu'elle renvoie ce jeune homme dans la rue, vêtu d'un uniforme allemand, on se sait si c'est pour le préserver des allemands ou pour le faire tuer par les résistants.
- Le sentiment de culpabilité inhérent à la transgression de l'interdit - ce jeune homme est tout de même un "collabo", que le personnage soustrait à la vindicte des allemands - est loin d'être dévastateur ici. Il est évoqué sans qu’on ne s'y attarde.
Quelques réserves
Non, pas ici.
Encore un mot...
On sort de ce spectacle avec plus de questions que de réponses. La personnalité du professeur d'allemand donne lieu à plusieurs interprétations. C'est une pièce qui interroge intelligemment en laissant sciemment beaucoup de portes ouvertes et incite à la réflexion.
Une phrase
L'incipit de la pièce est une magnifique mise en condition : "Si vous voulez que je vous raconte, mettez-moi du Schumann, la musique convoquera mes souvenirs. Des lieder. Je vais baisser la lumière. Laissons le thé infuser quelques minutes, voulez-vous ?"
"On ne lit pas Kafka dans une cave ! On risque la folie..."
L'auteur
Gilles Rozier est à la fois écrivain, traducteur (hébreu et yiddish) et éditeur. Il a écrit plusieurs romans, dont "Par delà les monts obscurs" en 1999, "Moïse fiction" en 2001,"Projections privées" en 2008 et "D'un pays sans amour" en 2011.Il a été directeur de la Maison de la Culture yiddish et fonde, en 2016, Les Editions de l'Antilope. Son roman "Un amour sans résistance" (2003) a été traduit en douze langues.
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