Un Amour qui ne finit pas
De
André Roussin
Mise en scène
Michel Fau
Avec
Léa Drucker, Pascale Arbillot, Pierre Cassignard, Michel Fau, Audrey Langle, Philippe Etesse
Notre recommandation
5/5
Infos & réservation
Théâtre de l'Oeuvre
55, rue de Clichy
75009
Paris
01 44 53 88 88
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Thème
Jean, lassé de ses amours qui s’éteignent, imagine un amour idéal : un amour qui ne finit pas. Son plan : il aimera une femme (Juliette) sans retour de celle ci; un amour en sens unique, ce sera juste pour lui. Mais ce ne sera pas sans complications, Comment va évoluer cet amour qui ne doit blesser personne? Il n’avait pas envisagé les risques de cet amour courtois. Ses sentiments seront d’une certaine façon jetés en pâture aux témoins de ce bonheur et on assiste à une comédie douce amère, féroce et élégante.
Points forts
- Des décors sur mesure : le premier tableau vous plonge dans un univers à la Peynet, les deux héros sont en peignoir dans un décor enchanteur et poétique, c’est le prologue. Les dés sont jetés, la tragi-comédie peut commencer dans deux intérieurs qui divisent la scène et que tout oppose, l’un bourgeois, l’autre résolument moderne, tel un jeu de dames, entre noir et blanc.
- Audace et dérision sont les maîtres mots dans le jeu des acteurs, tous formidables. Léa Drucker, en bourgeoise hystérique ou manipulatrice qui veille au grain ou plutôt sur son couple, est excellente. Michel Fau, parfaitement lunaire, est prodigieux. Pascale Arbillot incarne parfaitement la jeune mariée, naïve mais pas crédule; que l’aventure excite, tout en restant dans les codes bourgeois, bien campés par un mari, au premier degré.
- La mise en scène soignée de Michel Fau se joue magnifiquement des rebondissements, avec des effets de comique de situation parfaitement réglés . Il nous entraîne dans une situation complètement irréelle, proche de l’utopie, qui oscille entre le burlesque, la satyre, le romantisme et le conte philosophique ! Le tout se déroulant dans les années 60, en tailleur Chanel et robe Courèges, et baigné dans la musique savante et précieuse d’André Sauget.
- L’ épilogue, qui se déroule dans le même décor calme et poétique du prologue, avec reprise de la valse d’ouverture, est, telle une dernière pirouette, empreint d’une certain pessimisme.
- J'ai adoré Philippe Etesse, en vieux curiste.
Quelques réserves
Je n’en ai pas vu.
Encore un mot...
La leçon de cette pièce: il n’y a pas d’amour heureux, même un amour platonique.
C'est une pièce semi- sérieuse, anti bourgeoise et utopique, qui illustre magnifiquement la sensibilité à la fois pudique et ludique d’André Roussin.
Delphine Seyrig tenait cette pièce en haute estime. Je la comprends...
Une phrase
Jean : "Les vraies comédies sont toujours des drames".
L'auteur
André Roussin, surnommé « le boulevardier romantique », fut d’abord journaliste puis comédien avant de monter sa première pièce, avec Micheline Presle, en 1941, « Am Stram Gram ». Il connait le succès avec « La Petite Hutte », puis « Nina », avec Elvire Popesco…Une oeuvre abondante, traduite dans le monde entier et jouée par les plus grands comédiens. Une langue raffinée, un propos comique, gai; mais sous figure de comédie, il y a, chez Roussin, une satyre plus ou moins indulgente de la bourgeoisie et de la famille.
Il sera élu à l’Académie Française. Il était également président de la Société des Auteurs.
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Une grande comédie, très bien montée.
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