Tout feu tout femme
Piano : en alternance Simon Legendre et Manuel Peskine
Infos & réservation
Thème
- Émeline Bayart donne chaque lundi soir dans le joli Théâtre de Poche de Montparnasse un récital de ce que l’on appelle musique légère, composé de chansons spirituelles, certaines anciennes, d’autres plus contemporaines, mais qui toutes ont été écrites par des hommes, à l’exception notable de Brigitte Fontaine et Anne Sylvestre, et qui évoquent les rapports hommes femmes.
- Le spectacle est ponctué par deux morceaux, chantés par le pianiste qui, notamment avec Proserpine, vieille chipie, vieux hibou/ Vieille ruine, vieille fouine, vieille toupie, vieux coucou (…) Proserpine, Proserpine, je n’en peux plus d’être ton époux ! », permet d’introduire une voix masculine dans ce récital à la fois féminin et féministe.
Points forts
- Le joli brin de voix d’Émeline Bayart et plus encore son talent d’interprète confèrent une belle intensité dramaturgique à ces histoires contées en musique. La déambulation dans l’espace témoigne de l’art consommé d’Emeline Bayart qui fréquente les planches des théâtres depuis assez longtemps pour savoir habiter un lieu et le peupler d’images.
- De Jules Laforgue à Anne Sylvestre, en passant par Alphonse Allais, Jean Nohain, Jean Richepin, Francis Blanche, Jean Yanne, Francis Poulenc, Brigitte Fontaine et bien d’autres, c’est dans les ressources de la fine fleur de la poésie populaire et de la chanson française qu’Émeline Bayart a puisé des textes de qualité.
- Il faut enfin de l’audace pour reprendre des classiques chantés par Gréco, Patachou, Mireille, Marguerite Deval, Pauline Carton, se les approprier avec une grâce qui en révèle toute l’épaisseur historique.
Quelques réserves
Les esprits chagrins pourront objecter que, malgré la liberté de ton de ses textes, ce récital en chantant “l’éternel féminin“ en livre une représentation quelque peu convenue ou datée, notamment lorsqu’il s’agit d’avouer qu’on a « un faible pour les forts » ou qu’on « idolâtre » un Gaston qui vous « bat comme un chien ».... Mais précisément, c’est ce voyage ironique et tendre dans le temps qui fait le sel du spectacle.
Encore un mot...
Teintée d’un décadentisme à la Jules Laforgue, ce récital qui mêle chansons coquines, ballades graves et airs mélancoliques et tendres a toute la saveur d’un moment suspendu, d’un voyage entre les cabarets Belle Epoque de Montmartre, le Music-Hall de l’Entre- deux-guerres et les petites salles de spectacle intimes d’hier et d’aujourd’hui.
Une phrase
- De Jules Laforgue : « Nos armes ne sont pas égales, / Pour que je vous tende la main, /Vous n’êtes que de naïfs mâles, /Je suis l’Éternel Féminin ! »
- De Jean Nohain : « Il a conquis mon cœur/Aves ses yeux d'travers/Avec des yeux vainqueurs/ Ce s'rait un plus beau vers/Tant pis si c'est un crime/Je me fous de la rime/Il a conquis mon cœur/Avec ses yeux d'travers. »
- De Brigitte Fontaine : « Je suis concierge rue de Bussy /Dans mon immeuble y'a qu'des penseurs /C'est moi que j'suis leur égérie /Je fume la pipe et je mange des fleurs / J'suis décadente. »
L'auteur
- Le public connait Émeline Bayart pour l’avoir vue triompher dans l’adaptation cinématographique faite par Bruno Podalydès de Bécassine en 2018.
- Ce qu’il sait peut-être moins c’est que cette actrice est aussi metteuse en scène et chanteuse, ancienne élève du Conservatoire de Lille où elle a appris le chant et le piano, avant d’intégrer le Conservatoire National supérieur d’art dramatique.
- Comédienne de théâtre - on se souvient de l’avoir vue dans L’Ours et Une demande en mariage de Tchékov (dans ce même Théatre de Poche en 2019) - elle s’est également illustrée au cinéma avec Michel Gondry, Bruno Podalydès, Jean-Michel Ribes et Maïwenn. Ce qui ne l’empêche pas, depuis dix ans, de donner régulièrement des récitals.
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