Toujours la tempête

De
Peter Handke
Mise en scène
Alain Françon
Avec
Pierre-Félix Gravière, Gilles Privat, Dominique Reymond, Stanislas Stanic, Laurent Stocker, Nada Strancar, Dominique Valadié, Wladimir Yordanoff
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Ateliers Berthier
1 rue André Suares
75017
Paris
01 44 85 40 00
ATTENTION: dernière représentation, le 2 avril

Thème

Le narrateur (moi) est originaire de Carinthie, une province catholique isolée entre l’Autriche et l’ex-Yougoslavie où la langue slovène est minoritaire. Au fil d’une succession de monologues où interviennent les membres de sa famille maternelle -ses grands parents, ses trois oncles, sa mère et sa tante-, il évoque un monde aux confins de l’Europe occidentale, aujourd’hui disparu. Faire le récit, à partir des années 30, de la tragédie familiale et du funeste destin de cette minorité slovène à laquelle elle appartient, lui permet de questionner ses origines : ancrage ou illusion ?

Points forts

- Les acteurs sont excellents. Du narrateur principal, Laurent Stocker, on ne perçoit que le questionnement : sa présence discrète est celle d’un commentateur attentif et soucieux de laisser la place aux faits. Wladimir Yordanoff et Nada Strancar, les parents, sont plus vrais que nature, bourrus, sensibles : cette guerre et ce monde en transformation est tellement loin du monde qu’ils ont connu. Parmi les oncles, Gilles Privat, Gregor, fait partager, en profondeur, ses rejets, refus, inquiétudes et angoisses. La transformation de Dominique Valadié, la tante qui n’avait jamais trouvé sa place avant d’entrer en résistance, est manifeste. Dominique Reymond, la mère, emplit la salle de sa légèreté et de sa joie de vivre !

- La mise en scène et le décor nous plongent dans une maquette du musée de la guerre. Le texte parle d’une lande (faut-il y voir un jeu de mot allemand à propos du sol natal ?).  Les personnages se posent les uns après les autres dans ce « no man’s land » et immédiatement leurs personnalités et leurs difficultés prennent corps. Le temps n’a pas d’effet sur ce paysage de désert.

Quelques réserves

Des photos de famille se succèdent; elles sont belles : comme des cartes postales, elles évoquent les hommes et femmes des montagnes dans ces temps lointains d’avant la guerre. Mais trop immobiles…elles plombent le propos.

 -      Le texte passe par beaucoup de méandres pour aborder l’éclatement des familles, la nostalgie du pays natal et de sa langue, la quête d’identité, la solitude de l’être…Il manque de vigueur, c’est trop long!

Encore un mot...

La vie, l’histoire, le sol : c’est l’histoire d’une confrontation éternelle, version Slovénie au XX° siècle. Le narrateur, en quête de lui-même -« je suis allé à la rencontre des miens »-, ne s’illusionne pas: « Ce n’est pas eux et en même temps c’est eux ». Des souvenirs, entre rêves et réalités, chargés de tendresse et de colère.

Une phrase

« Tu es toujours en marche dans tes expéditions immobiles ». Les interrogations, les récits des personnages emplissent l’espace.

L'auteur

Peter Handke, écrivain autrichien, né en 1942 en Carinthie, est l’auteur d’une quarantaine de livres dans tous les genres littéraires et d’une vingtaine de pièces, dont « Gaspard » (1967) ou « Les Beaux Jours d’Aranjuez » (2012). Il est aussi réalisateur  de « l’Absence » (1993), et scénariste, notamment de Win Wenders : « L’angoisse du gardien de but… » (1972) ou « Les Ailes du désir »(1987). Le Prix international Ibsen lui a été attribué, en mars 2014. 

Les pièces de Peter Handke, que les polémiques liées à ses prises de position en faveur de la Serbie avaient rendues moins présentes sur les scènes françaises, ont retrouvé leur place. "Toujours la tempête" est l’adaptation de son dernier roman, paru en allemand en 2010.

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