A tort et à raison

Il y a du génie dans ce Bouquet là.
De
Ronald Harwood
Mise en scène
Georges Werler
Avec
Michel Bouquet, Francis Lombrail, Juliette Carré, Didier Brice, Margaux Van Den Plas, Damien Zanoly
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre Hébertot
78 bis Boulevard des Batignolles
75017
Paris
0143872323
Jusqu'au 13 mars: Du mercredi au samedi, à 21h; matinée le dimanche, à 17h

Thème

En restant à la tête de la Philharmonie de Berlin pendant la guerre, le célèbre chef d'orchestre Wilhem Furtwängler a été soupçonné de compromission avec le régime nazi. A la fin de la guerre, le commandant américain Steve Arnold, chargé de mener une enquête préliminaire, est convaincu de sa culpabilité : si Furtwängler a échangé une poignée de main avec le Führer lors d'un concert, alors il doit être condamné. Mais pour le Maestro, ce n'était pas si simple... 

Points forts

1. La pièce est excellemment bien menée. Très vite, le spectateur est absorbé par l'intrigue. Au fil des interrogatoires, le suspense lui devient de plus en plus insoutenable et jusqu'à la fin, il ne peut s'empêcher de se demander qui a raison et qui a tort. Il veut que ce dilemme cesse, mais il est happé par le rythme de la pièce telle une symphonie de Beethoven, par ces interrogatoires, ces accusations, les convictions de chacun, leur combat... qui va gagner ?

2. Les acteurs sont brillants:
   -  Michel Bouquet interprète le rôle du Maestro avec génie. Ses gestes, sa voix, sa prestance sont si justes qu'on dirait que le rôle  a été fait pour lui sur mesure. 
   - Francis Lombrail est excellent dans le jeu caricatural de l'américain inculte et grossier. 
   - Quant au passage éclair de Juliette Carré, c'est un véritable bijou. On aurait voulu qu'elle joue plus longtemps. 
Le public n'a pu s'empêcher de leur témoigner une ovation finale, tant méritée !

3. A travers le duel sans relâche de l'intraitable commandant face au Maestro, l'auteur nous pousse au questionnement : l'art pouvait-il vraiment serrer la main à la barbarie ? Le comportement du chef d'orchestre était-il défendable ? 
Le spectateur hésite. Séduit au début par la sympathie et l'humour du commandant américain, ce dernier lui devient de plus en plus insupportable, et il se sent de plus en plus en empathie avec le Maestro. Mais son cœur ne cesse de vaciller. Harwood sait  vraiment nous toucher  et jouer brillamment  avec les sentiments.

Quelques réserves

Je n'en vois pas à part, peut être, la chute brutale de la pièce.

Encore un mot...

Si vous aimez un théâtre qui va à l'essentiel et si vous voulez voir jusqu'où peut aller le talent d'un très grand comédien, alors ne manquez pas cette version de "A tort et à raison".

L'auteur

D'origine sud-africaine, Ronald Harwood est à la fois écrivain, scénariste, dramaturge. Il est, entre autres,  le scénariste du film "Le Pianiste" (Oscar du meilleur scénario 2003) et l'auteur de "Collaboration" et de "L'Habilleur". 

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