Théorème / Je me sens un cœur à aimer toute la terre
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Thème
- Une maison familiale perchée à flanc de colline en Italie. La grand-mère règne en matriarche autoritaire sur sa petite famille. Elle décline lentement, et autour d’elle conflits et non-dits s’accumulent.
- Elle fait la rencontre d’un jeune inconnu sur la plage qu’elle invite à partager une chambre dans la maison. Tous sont troublés par l’arrivée de l’inconnu, qui va les pousser dans leur intimité à s’affranchir de leurs désirs secrets.
Points forts
- Faire planer l’ombre de Molière sur le sarcasme de Pasolini est un pari risqué, que les co-adaptateurs et co-metteurs en scène réussissent plutôt bien.
- Dans une très belle scénographie - même si le propos de la mise en scène n’apporte rien de nouveau - on assiste à un bel exercice de comédiens, relevé d’une poésie latente qui nous fait goûter le plaisir d’être spectateur.
- Une belle énergie de comédiens en scène. Les partitions pour chacun sont bien écrites, et Danièle Lebrun brille en matriarche acerbe et fatiguée. Birane Ba développe un charme et une poésie singulière à ce révélateur impudique et libre, et le couple formé par Coraly Zahonero et Alexandre Pavloff est pathétique à souhait. Les deux jeunes comédiens Marie Oppert et Adrien Simon apportent une fraicheur juvénile dans un jeu qui se fracture lentement, pour accéder au monde rationnel des adultes.
Quelques réserves
Un peu long parfois.
Encore un mot...
- Dans une atmosphère de chaleur estivale où les sentiments et les émotions s’exacerbent chaque interprète sue ses frustrations et ses aspirations. L’étranger qui s’immisce au creux de la famille révèle à chacun sa propre liberté, en lui instillant la dose d’amour qui leur manque.
- Sincérité ou jeu pervers, il se sent porté par la phrase de Don Juan - « Je me sens un cœur à aimer toute la terre » - et il s’y abandonne, quels que soient les dommages collatéraux.
Une phrase
LE GARCON : « La maison est perchée dans les hauteurs, escalier taillé dans la roche. Dessin sinueux. Pierre abîmée par endroits, marches cassées par l’érosion. Le temps marque son empreinte. Mer sur le dos, rumeur qui pousse. (…) La maison familiale. Dans un mariage parfait entre luxe et classicisme, immuable, elle semble avoir toujours été là, sûre d’elle, dotée d’une autorité tout étatique qui force le respect. J’entre …
LE PERE : Nous étions la quatrième puissance mondiale et nous ne sommes plus que la septième.
LA GRAND MERE : Mais, petit égoïste,tu n’as rien eu d’autre à faire que de naître.
LA MERE : Vous êtes de gauche ?
LA GRAND MERE : Où sont-ils allés ?
LE FILS : Il est entré dans la petite chambre de Nour. Ils ne sont pas ressortis, je crois. »
L'auteur
- Pier Paolo Pasolini était écrivain, poète, peintre, journaliste, traducteur, dramaturge, acteur, scénariste et réalisateur de film.
- Dans une œuvre artistique intellectuelle et engagée, il observe en profondeur les transformations de la société italienne d’après-guerre. Ses oeuvres polémiques et radicales s’attaquent principalement à la bourgeoisie et à la société consumériste. Il mourra assassiné en 1975 sur une plage d’Ostie dans des circonstances mystérieuses.
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