Tendresse à Quai
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Thème
Au bar d’une gare, lieu propice à l’imaginaire, on assiste à la rencontre improbable d’un vieil écrivain, très oublié depuis un Prix Goncourt vieux de 34ans, et d’une jeune cadre commerciale en mal de licenciement. Il la regarde, l’observe, se prend à la rêver, tandis qu’elle s’éloigne vers les bras d’un autre. Avec férocité, il se lance dans l’écriture, pour jeter sur face book, comme une bouteille à la mer, le fruit de ce qu’elle lui a inspiré.
Un an plus tard, elle débarque chez lui, nourrie de ce beau rêve littéraire, en attente de la tendresse promise. Mais, est-elle aussi fragile qu’elle paraît ?
Points forts
1 – C’est à une sorte de voyage intérieur, qu’Henri Courseaux nous convie, pour notre plus grand bonheur, avec le charme que confère à un auteur, sa vaste expérience d’acteur aux talents multiples. Il y a une grande musicalité en lui et le vieil auteur plein de charme qu’il incarne sous nos yeux, voltige, virevolte, s’exalte, s’amuse, même dans les moments les plus dramatiques.
2 – Stéphane Cottin a réalisé une sorte de mise en scène orchestrale de ce moment de charme, empli de tendresse, de drôlerie, de vertiges, avec une direction élégante et subtile, sans pour autant gommer les aspects parfois cruels de l’œuvre. Le dispositif du décor est beau et certaines séquences dansées, sont particulièrement poétiques.
3 – Maria Frémont est épatante de vérité, de charme, de force et de fragilité, entre ses baisses de régime et ses fulgurances endiablées. Le couple fonctionne à merveille. Les multiples personnages qui vagabondent dans l’univers de l’auteur, se choquent et s’entrechoquent avec l’humour et la drôlerie de ces deux « Fregoli ».
Quelques réserves
J’ai seulement regretté que le moment où le personnage sombre un peu dans la confusion, se situe dans un contexte hospitalier.
Encore un mot...
Une confrontation jubilatoire de deux solitudes que tout sépare, dans les méandres de la pensée d’un écrivain. Cet auteur n’existe peut-être pas ; il l’annonce au début de ce spectacle brillant, attachant et drôle, avec un Henri Courseaux qui évoque souvent les héros des films de Capra. On s’embarque dans son rêve où l’on croise tant de personnages. J’ai aussi pensé au « Songe du critique » de Jean Anouilh, auteur qu’il évoque plusieurs fois. Une belle soirée qui touche au cœur.
L'auteur
Henri Courseaux fait partie de ces acteurs protéiformes, qui écrivent aussi pour le théâtre, la chanson ou la télévision. Riche d’un imaginaire d’une extrême fantaisie poétique, toujours jubilatoire et humoristique, il entraîne ici le spectateur dans un parcours passionnant de son cerveau. Car, quoi que l’on dise dans la pièce, il est bel et bien l’auteur de tout ce qui se dit sur la scène du Studio Hébertot.
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