Tempête sous un crâne

Gonflé, réussi et gratifiant
De
Jean Bellorini et Camille de la Guillonnière.
d’après les Misérables, de Victor Hugo
Mise en scène
Jean Bellorini.
Avec
Mathieu Coblentz, Karyll Elgrichi, Camille de La Guillonnière, Clara Mayer, Céline Ottria, Marc Plas, Hugo Sablic.
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Gérard Philippe
59 Boulevard Jules Guèdes
93200
Saint Denis
01 48 13 70 00
ATTENTION: dernière, le 10 avril.

Thème

Le spectacle en deux parties. Première époque, autour de Jean Valjean, de la sortie du bagne, en 1815, jusqu’au procès du père Champmathieu, l’histoire de Fantine depuis sa jeunesse jusqu’à sa mort dans les bras de monsieur Madeleine, puis celle de Causette depuis sa naissance jusqu’au départ de chez les Thénardier quand Jean Valjean vient la chercher à Montfermeil. Seconde époque,  l’histoire de Javert qui poursuivra Jean Valjean toute sa vie, des « étoiles jusqu’au fond de la Seine », et celle de Jean Valjean devenu Monsieur Leblanc. Suivent ensuite l’histoire d’amour de Causette avec Marius, le drame d’Éponine qui donnera sa vie pour Marius, l’histoire des Thénardier devenus les Jondrette et enfin celle de Gavroche, avec montée héroïque des héros sur les barricades. 

Points forts

Un retour sur une fresque, que beaucoup ont perdu de vue depuis une lecture datant de nombreuses années. Une grande histoire humaine, vivante, tragique mais tendre aussi. Ce découpage en deux époques, quand même liées par les personnages essentiels (Jean Valjean, Causette, Thénardier), aide au déroulement de l’histoire et permet une compréhension aisée. 

On est émerveillé par le parti pris de mise en scène donnant aux comédiens, lorsqu’ils sont en duo entre autres, la possibilité de nous captiver avec force, émotion, sincérité et… tendresse, alors que leur « travail » de comédien est très compliqué : virtuosité du jeu, poids du texte, nécessité d’une narration claire, sobriété des décors, etc… 

Ce spectacle, fondé sur une densité du jeu exceptionnelle, est léger au sens le plus flatteur du terme, car on a l’impression agréable qu’il est fait pour nous, pour le bonheur de notre « intelligence » ! L’accompagnement musical, par la qualité de la voix de la chanteuse, la douceur des airs, la justesse du batteur, tout comme l’harmonie et l’émotion des chœurs, s’intègre avec pertinence dans le jeux des acteurs qui, il faut le souligner, sont tous plutôt talentueux. 

Ce spectacle, enfin, a le mérite de ne pas faire oublier l’actualité de ce texte, faisant réfléchir aux questions de peines et de justice sociale, montrant ainsi tous les espoirs et les élans généreux voulus par Victor Hugo. 

Quelques réserves

Il n’y a pas véritablement de point faible. C’est une pièce forte et belle, avec seulement, peut-être, quelques longueurs dans la seconde « époque »: mais comment aurait-on pu se passer de la séquence magique de Gavroche et des « barricades » ? 

Encore un mot...

Un moment gratifiant pour les spectateurs comme pour les acteurs!

Une phrase

« Gavroche était heureux, parce qu’il était libre ! » 

L'auteur

Avec " Les Misérables", Victor Hugo a probablement écrit l’un des textes les plus emblématiques, les plus émouvants, les plus populaires sur la vie du peuple à l’époque de la Révolution. Ce spectacle est une adaptation des Misérables, pour deux comédiens dans la première partie et cinq dans la seconde. Comment un tel monument de la littérature peut-il être ainsi révélé par deux (ou cinq) seuls acteurs ? Et le texte! Si il est évidement remarquable dans son écriture, il implique pour sa restitution un exploit, non seulement de mémoire mais aussi de "connivence", dans la manière dont il va être « épousé » par les comédiens. Ici, le mode d’expression choisi est celui d' une alternance, plutôt bluffante, entre la narration des faits et le jeu de personnages. 

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