Tartuffe ou l’Imposteur
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Thème
Tartuffe bouleverse la vie d’une famille bourgeoise. La religiosité bien pensante qu’il affiche lui permet de s’introduire dans un monde qui n’est pas le sien. Il en profite ! Orgon, le chef de famille, s’est entiché de ce personnage hypocrite. Sous influence, il accède à tous ses désirs et les impose, envers et contre toute raison, à sa famille et à sa maisonnée qui ont vite perçu derrière le prétendu modèle, l’imposteur.
Points forts
- Benoit Lambert nous présente Tartuffe dans une version totalement renouvelée: c'est une véritable prouesse. La pièce est transposée dans une famille de la haute bourgeoisie actuelle. En filigrane, transparaît la pesanteur de l’appartenance sociale.
- L’actualité du texte laisse pantois : les affaires, le sexe, la violence, l’argent, l’autorité. L’écriture en vers pourrait se révéler désuète et indigeste. Ce n’est pas le cas ! Après un peu d’échauffement, la plupart des acteurs de cette version ont une diction telle qu’on en oublie presque que le texte est en vers.
- Cette famille est la nôtre ! Les acteurs font « famille » ensemble, cela se ressent. Leurs comportements, leurs attitudes – leur façon de rire, de se tenir, de s’agiter même parfois- font de tous des personnages que l’on pourrait croiser. Si la distribution n’est pas totalement homogène, les rôles principaux sont remarquablement bien interprétés : Marc Berman (Orgon) est un homme d’affaires et de pouvoir. Martine Schambacher (Dorine) est parfaitement empressée auprès de tous, son agitation inquiète est communicative. Stephan Castan, en vieille mère, incarne avec force le rejet des évolutions des mœurs. Emmanuel Vérité (Tartuffe), dans son registre, se montre parfaitement mielleux et intéressé. Il est assisté de Florent Gauthier, son valet, qui laisse planer une menace diffuse.
- Les détails sont soignés : le vaste salon gris et or d’un hôtel particulier et les costumes –Orgon porte la légion d’honneur sur son costume trois pièces- signifient le statut social.
Quelques réserves
Quelques échanges sont difficilement audibles : élocution trop rapide des acteurs, mauvaise portée du son dans certaines postures ou volonté du metteur en scène de ne pas mettre l’accent sur ces phrases-là ?
Encore un mot...
L’alibi de la religion, utilisé parfois par certains pour se faire respecter et prendre de l’ascendant sur d'autres, a toujours été et restera un sujet important! Orgon (dont l'aveuglement fanatique semble sans limite), et Tartuffe (dont l’habit ne fait pas le moine) en fournissent, jusqu'à la caricature, et au-delà des rires, une sombre illustration.
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