Songes et Métamorphoses
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Thème
Guillaume Vincent s’efforce de construire des ponts entre sa vision très contemporaine de l’incarnation des grands mythes des Métamorphoses (Narcisse, Hermaphrodite, Pygmalion, Myrrha, Procné) et le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare.
Pour la première partie, Ovide inspire 5 petites pièces que Guillaume Vincent enchaîne avec habilité; les acteurs nous entraînent par surprise d’un mythe à l’autre dans un monde contemporain où se côtoient des scènes de théâtre amateur (au sens premier du terme) et des tranches de vie (très professionnellement traduites celles-ci) en d’étranges aller-retour entre comique et sordide.
Shakespeare, dans la deuxième partie, nous offre son texte superbe et ses personnages merveilleusement construits. Là aussi les scènes se croisent et se décroisent, s’ignorent et se télescopent : une nuit les couples se font et se défont, par la magie des fées et des onguents pendant que des « artisans » préparent un spectacle, entremêlant leurs répétitions (on retrouve là les séances de théâtre amateur de la première partie) avec les aller retour des amoureux qui se déchirent ou se séduisent.
Points forts
- Les acteurs relèvent ensemble le défi de cet étrange assemblage, baroque, amateur, lumineux, époustouflant et sordide. Ils sont tous excellents. Un hommage particulier à Gérard Watkins qui interprète un inquiétant Puck dans la seconde partie.
- La passion du théâtre, de ses aller-retour entre réel et imaginaire qui anime Guillaume Vincent. Il l’exprime tout au long des spectacles, du spectacle, et nous y entraîne.
- La traduction de Shakespeare dans un langage contemporain, populaire et accessible tout en restant élégant et, par moment, très raffiné.
- La musique et les quelques chants qui émaillent le spectacle. Emouvants..
Quelques réserves
- La mise en scène s’essouffle dans le renouvellement permanent et accéléré des scènes, des thèmes, des décors, des effets, des acteurs, des personnages, des petites culottes et des baisers volés, tous deux entre créatures dont le sexe importe peu… Ce tourbillon finit par lasser. Beaucoup de scènes sont d’une puissance et d’un raffinement séduisant, mais… tout déborde.
- Le trop plein semble parfois cacher quelques plages de vacuité. Il masque en tout cas la plupart des ponts que l’on nous promettait. Entre les deux pièces, entre Ovide et Shakespeare, il ne reste plus malheureusement que d’assourdissantes passerelles.
- Le texte de la première partie. Ecrire derrière Ovide sur quelques mythes fondateur n’est certes pas chose aisée. Le faire à proximité immédiate de Shakespeare relève de la gageure. Un pari très risqué. Un pari perdu. Dommage.
Encore un mot...
Shakespeare a su puiser chez Ovide et ses Métamorphoses et, pour notre bonheur, en nourrir son théâtre. N’est pas Shakespeare qui veut...
Une phrase
« Si nous, ombres, vous avons offensés,
Pensez alors (et tout est réparé)
Qu’ici vous n’avez fait que sommeiller
Lorsque ces visions vous apparaissaient.
Et ce thème faible et vain,
Qui ne crée guère qu’un rêve,
Gentils spectateurs, ne le blâmez pas.
Pardon, nous ferons mieux la prochaine fois. »
Puck, à la fin du Songe.
L'auteur
Guillaume Vincent, quarante ans est auteur et metteur en scène (théâtre et opéra). Il s’est formé à l’école du Théâtre national de Strasbourg où il a suivi les stages de Stéphane Braunschweig, Krystian Lupa et Olivier Py.
Ses créations les plus récentes au théâtre :
2012 Rendez-vous gare de l’Est ( auteur et metteur en scène)
2012 La Nuit tombe… (auteur et metteur en scène).
Pour Songes et Métamorphoses, dans la première partie, il s’est inspiré de personnages mythiques des Métamorphoses d’Ovide; la seconde partie reprend le texte de Shakespeare dans une nouvelle traduction de Jean-Michel Déprat.
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