Si tu t’en vas

Ce sont véritablement deux mondes qui s’affrontent, à fleurets moucheté tout d’abord, puis frontalement, voire violemment : entre la professeure qui pense que le chemin de la réussite passe par les études et l’élève qui a déjà lancé son business et rêve de le développer, ces deux visions de la vie semblent irréconciliables.

Mais les deux semblent vouloir, tour à tour, s’expliquer, fuir la conversation, convaincre, se justifier ... Ils s’accrochent, s’invectivent, se rapprochent au fur et à mesure que les masques tombent et que surgissent les vérités :

• Nathan est marqué par un rapport difficile avec son père, qu’il trouve enlisé dans la médiocrité depuis que sa femme l’a laissé seul pour s’occuper de la ferme familiale ;

• Madame Ogier, quant à elle, cache un passé de basketteuse qui a fait un refus d’obstacle au moment d’embrasser une carrière professionnelle.

Entre rêves, déceptions, ambitions et échecs, le dialogue glisse subtilement du général au personnel, puis à l’intime. Les fêlures affleurent derrière les discours et les rapports de force s’installent. Si tu t’en vas nous touche profondément, intimement.

Au-delà des choix scolaires qui conditionnent une partie de notre existence, c’est toute la vie qui se joue ici : le rapport des jeunes à leurs espoirs et leur avenir, la détresse des adultes pour les accompagner, ou encore le rôle de l’école dans la chaîne qui conduit à l’obtention d’un métier.

Les deux comédiens mettent magnifiquement en lumière le texte d’une très grande justesse grâce à leur jeu d’une remarquable précision et intensité, créant immédiatement une complicité, une intimité avec le public. Les spectateurs  constituent une audience qui assiste, médusée, à une magnifique leçon sur l’éducation et la vie, l’humain et ses contradictions.