Scènes de la vie conjugale
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Thème
« Scènes de la vie conjugale », c’est, traversant vingt ans d’existence, l’évolution d’un couple, qui va se déchirer et s’aventurer, devant nous, dans ses territoires les plus intimes, sans mensonge ni fausse pudeur.
Tout commence par un diner. Mariés depuis dix ans, Marianne, avocate, et Jean, ingénieur, ont invité ce soir là un couple d’amis qui va brutalement et violemment se quereller devant eux.
Cette dispute va servir de catalyseur. Leurs deux amis à peine partis, Marianne et Jean, mari et femme jusque là apparemment sans problème, vont commencer à se parler pour la première fois. Vraiment, c’est-à-dire, sans précaution oratoire, sans gant, ni filtre d’aucune sorte.
On le comprend à travers la vingtaine de tableaux dont est composé le spectacle, cette conversation aux allures, d’abord de mise à mort, puis d’autopsie d’un couple, va s’étaler sur deux décennies. Tout, absolument tout, entre eux, va y passer: les petits mensonges de la vie quotidiennes comme les désirs les plus fous, les déceptions les plus anodines comme les désillusions les plus dévastatrices, les envies sans lendemain comme les instincts les plus inavouables, les accès de tendresse comme les rejets les plus violents.
Au cours des trois heures cinquante que durent ces «Scènes de… », on va voir Marianne et Jean, tour à tour s’insulter, pleurer, se séparer, et se retrouver aussi pour de brefs moments, alors qu’ils ont fini par vivre chacun de leur côté. On assistera à leur amour, puis à leur désamour, puis, enfin, à la renaissance, entre eux, d’une certaine complicité, faite de secrets, de confidences et de pulsions sexuelles. Ce sera vif, dense, saignant, poignant, en un mot, inouï.
Points forts
- D’abord, comme souvent au théâtre, le texte ! Il est ici sidérant, qui donne à pénétrer dans l’intimité d’un couple comme jamais auparavant. Bergman disait l’avoir écrit en trois mois, mais qu’il lui avait fallu un temps assez long de sa vie pour le nourrir. C’est sûrement l’exacte vérité tant on sent qu’il n’a été ni inventé, ni théâtralisé. Un homme et une femme sont là devant nous, mis à nus et donnent à déchiffrer les mystères d’une vie conjugale. Avec un naturalisme confondant. Du jamais entendu, avec autant de justesse et de radicalité, sur une scène de théâtre.
- La mise en scène, elle aussi, est sidérante, car, malgré le réalisme de l’œuvre, elle ne met jamais le spectateur dans la situation, malsaine, d’un voyeur. Il n’y a pas de surplomb. Le regard est à la hauteur de ce qui se joue, sans recul possible, donc sans jugement possible. En outre le metteur en scène Nicolas Liautard n’a pas oublié que ces « Scènes de… » avaient été écrites pour le cinéma. Comme on est ici au théâtre, c’est le niveau de voix des comédiens qui va remplacer les mouvements de caméras. Le texte est susurré pour donner l’illusion des plans serrés, parlé pour les plans moyens, crié pour les larges. Quelle riche idée, qui permet de ne rater aucun des ondoiements d’un texte qui navigue entre trivialité, poésie et aussi crudité.
- Quant aux comédiens, ils sont dans un engagement qui laisse pantois. Il se dégage de leur jeu un sentiment de vérité d’une profondeur rarement atteinte sur un plateau de théâtre.
Quelques réserves
Par moments, les passages susurrés le sont trop ( c’est, hélas, très à la mode sur les scènes en ce moment... ). Résultat, on perd du texte. Quel dommage !
Encore un mot...
Il n’est nul besoin d’en rajouter. Ces « Scènes de la vie conjugale », qui nous renvoient à notre si fragile condition humaine, est sans aucun doute l’un des spectacles les plus saisissants du moment.
L'auteur
Même s’il fut aussi scénariste et metteur en scène de théâtre, le suédois Ingmar Bergman restera comme l’un des plus grands réalisateurs de cinéma de son temps.
Né le 14 juillet 1918, à Uppsala, d’un père pasteur luthérien très rigide, décédé quatre-vingt neuf ans plus tard dans sa maison sur l’île de Fårö, celui qui deviendra notamment l’auteur et réalisateur de « Persona » (1966) et de « Cris et Chuchotements » (1972) se prend très jeune de passion pour le 7ème art, grâce à un cinématographe que lui offre sa grand-mère. Adulte, il ne cessera de conjuguer cette passion avec celle qu’il va développer parallèlement pour le théâtre. En Suède, certaines de ses mises en scène feront date.
Après sa sélection au festival de Cannes en 1956 pour « Sourires d’une nuit d’été », Ingmar Bergman sera souvent sollicité pour aller tourner à l’étranger. Mais préférant travailler avec ses propres équipes, il sortira peu de son pays natal (sauf entre les années 76 et 83 où il s’exilera à la suite d’une brouille avec le Trésor public suédois).
Parmi ses chefs-d’œuvre, on compte « le Septième sceau » (I956), « Sonate d’automne » (1977), « Fanny et Alexandre » (1981). « Scènes de la vie conjugale » fait incontestablement partie de cette liste. Ce film avait d’abord été écrit et conçu sous la forme d’un feuilleton pour la télévision en I973. Devant l’immense succès de cette série qui mettait à nu l’intimité d’un couple, le réalisateur en remontera les six épisodes de cinquante minutes pour en faire un film de deux heures trente pour le cinéma.
Commentaires
si les comédiens sont investis, le comédien qui joue Johan n'est jamais dans un réel lâché prise, et n'est jamais ému ou déchiré lorsque le personnage devrait l'être, trop dans la posture et d'effet de voix.
si l'actrice incarnant Marianne est d'une grande force avec un registre large (ce qui ne l'est pas du précédent comédien), et formidable dans la scène du divorce, entre autres,
les scènes lacrymales sont trop larmoyantes et pas assez contenues, elles sont en dessous de son terrible et magnifique rugissement de la deuxième partie et de sa délicatesse de jeu nuancé et ouvert
Ces scènes en deviennent démonstratifs, dommage .... mais cela tient sans doute à la direction des scènes.
Les comédiennes et comédien 'secondaires" sont d'une justesse rare sans fausse note et apportent leur talent indéniable à l'ensemble de ce spectacle.
L'ensemble est de très belle facture, toutefois la seconde partie semble plus faible. Bien que l'actrice principale la porte avec force, une sentiment d’essoufflement, d'ennui pointe.
la mise en scène et la direction des acteurs sont trop convenues, attendues, bancales.
Mais soyons juste, la qualité de l'ensemble est réelle.
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