
SANS TAMBOUR
Direction musicale de Florent Hubert
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Thème
SANS TAMBOUR se compose d’une succession de tableaux qui, sur un même thème, racontent plusieurs époques, d’aujourd’hui à l’âge de pierre. La pièce parcourt les tranches de vie de ceux qui cohabitent dans une maison installée sur la scène.
On assiste à l’effondrement progressif de cette maison, car elle se démolit toute seule au fur et à mesure que se déroule l’histoire d’un couple qui se déchire et se sépare. Chaque éclat de voix déclenche l’écroulement d’un mur, d’une fenêtre, d’un toit. C’est donc l’histoire d’un double effondrement.
Mais l’acteur principal de cette histoire, c’est la musique, avec ses cinq interprètes constituant un petit ensemble polyphonique et tonitruant. Pourtant la musique originale est une reprise des Lieder de Robert Schumann, interprétés de manière désordonnée et syncopée par les instruments classiques d’un orchestre de chambre, tel un violon, une contrebasse, une trompette.
Disons le tout de suite, cette histoire sans tambour n’a également ni queue ni tête jusqu’à ce qu’un peu après le mitan de la pièce, on comprenne qu’on nous présente la version moderne et un peu « allumée » de Tristan et Yseult, c’est-à-dire une scène de ménage à trois, à savoir le mari plombier qui répare un siphon (complètement siphonné, ha, ha !), la femme (de ménage, et qui s’ennuie), et l’amant artiste et fantasque.
Points forts
L’exploration libre des liens entre théâtre et musique. D’entrée de jeu, on est dans l’ambiance musicale avec un morceau de bravoure : la direction de l’orchestre par l’écoute simulée d’un disque 45 tours, et grâce à la voix et à la présence d’une soprane solaire Agathe Peyrat.
On adhère vite au jeu des personnages, le principal (l’amant), qui s’affaire sur scène, marche, court, recule, avance, grimpe sur le toit, au son des clarinettes et des trompettes, sans paroles mais en musique. Cette gestuelle très dynamique et expressive rappelle évidemment le cinéma muet et loufoque de Buster Keaton, voire de Charlot, car les pitreries sont assez comiques et bien dans le tempo musical
La mise en scène, avec l’effondrement répété du décor central c’est-à-dire d’une maison qui perd un morceau du toit ou des murs à chaque éclat de voix ou à chaque faux pas des acteurs, notamment l’amant qui rentre par effraction dans la maison, les portes étant remplacées par des bâches en plastique. Il démolit le chantier comme par inadvertance, se prend les pieds dans un tapis symbolique, transporte les pianos comme des fétus de paille, Il nous amuse bien (un moment…) par ses pitreries. • En un mot, c’est un art de la démolition spontanée est magique
Quelques réserves
Malgré les points forts cités plus haut et les gags souvent excellents mais trop répétitifs, les réserves l’emportent assez rapidement : le charme se rompt au fur et à mesure de la démolition de la maison. Au bout d’une heure et d’un cinquième tableau sans relation avec les précédents, on perd le fil. La métaphore ne joue plus.
Molière ou plutôt Balzac, dirait : « Monsieur, nous allons fermer l’appartement, la farce est jouée »… or il reste 40 minutes !
Encore un mot...
Samuel Achache et le compositeur Florent Hubert partagent la même conception de la création et de la mise en scène : « le processus de répétition empirique, qui part du principe que toutes les personnes sur le plateau peuvent faire ce qu’on a besoin de faire. Elles font ce qu’elles proposent de faire. »
La mise en scène résulte ici d’une « intelligence collective » où chacun crée ce qu’il croit être capable de créer ou d’interpréter.
Par ailleurs, Samuel Achache et Florent Hubert estiment que la musique, vivier de la création, est au cœur de tout. Ainsi est-elle ici une forme en soi, et Samuel Achache part du Lied comme forme intime pour travailler sur l’ensemble.
Une phrase
(le couple, première scène, fort)
« Tu me parles de siphon ?
- Oui, je te parle de siphon
- Tu me parles de siphon et je te parle d’amour ?
- Oui, je suis complètement siphonné. »
L'auteur
SANS TAMBOUR est une œuvre collective, avec une part importante laissée à l’improvisation. Il est néanmoins opportun de saluer le talent de metteur en scène (et en même temps comédien) de Samuel Achache. A 44 ans, il est déjà salué par les critiques d’une certaine presse - Le Monde, Télérama, Les Inrocks - comme incarnant le renouveau du théâtre musical. Son esprit déjanté et son inventivité tous azimuts ont « cassé la baraque » (Le Monde) au dernier festival d’Avignon.
A ce jour Samuel Achache a créé et monté la Chute de la maison en 2017, et en 2023, la Symphonie tombée du ciel. Ces créations ont là aussi pris comme point de départ une forme musicale.
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