Sans famille
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Thème
Le jeune Rémi, huit ans, est contraint de quitter sa famille adoptive qui n’a plus les moyens de le nourrir. Il est cédé, en location, à un bonimenteur ambulant, Vitalis, un brave homme, qui va se produire de tréteaux en tréteaux avec ses animaux savants, le gros chien Capi et le tout petit singe Joli Cœur.
Rémi va faire merveille au sein de sa nouvelle famille de saltimbanques. De simple monsieur Loyal, Rémi va acquérir les galons d’un véritable artiste. Mais rien n’est simple : à Toulouse, un gendarme zélé va mettre Vitalis sous les verrous, si bien que Rémi, faute d’argent, est jeté à la rue par l’aubergiste et est obligé de repartir à l’aventure, flanqué de ses deux compagnons animaux.
Mais voici une bonne âme, Mrs Milligan, qui va les recevoir à bord de sa péniche. La mort de Joli Cœur va mettre un terme provisoire à leur itinérance. Un évènement émouvant survient. Les retrouvailles de Rémi avec sa mère adoptive, la mère Barbarin. En quête d’un nouveau singe savant, • Rémi va se retrouver chez un souteneur, le nommé Garofali, et y rencontrer Mattia, un fou de violon qu’il pratique miraculeusement, sans archet. De fil en aiguille et grâce à une mystérieuse lettre, Rémi va partir en Angleterre où il retrouvera sa mère, la fameuse Mrs Milligan.
Entretemps notre héros tombe dans les rèts de receleurs sinistres, « ignobles, veules et méchants », précise l’excellent Thierry Hancisse qui joue père Driscoll. Et Rémi de s’enfuir...
Points forts
Magie de la mise en scène, avec notamment l’action de la « tournette », un chemin tournant sur scène qui évolue comme un tapis roulant autour d’une place centrale et permet de faire défiler des paysages différents, de jouer sur des échelles et des perspectives entre le proche et le lointain.
Des effets scéniques font varier la durée au gré du temps et du climat des tempêtes et du ciel : une machinerie ludique extraordinaire captivera le spectateur, immergé dans une dimension spatio-temporelle aux effets magiques. Ainsi les acteurs marchent-ils sans avancer, font du sur place sans piétiner !
Le ton burlesque, le style cabaret, le jeu musical et le charme de Véronique Vella dans le rôle de Rémi. Sa voix magnifique va faire du garçon musicien un chanteur extraordinaire. Le message passe entre Rémi qui raconte son histoire et le public. Le rythme burlesque évoque Charlie Chaplin et son personnage dans Le Kid. L’ensemble de la troupe relève de la caricature légère, à peine exagérée.
Un grand bravo pour le jeu de la marionnette incarnant le ouistiti et manipulée par un Jean Chevalier initié par Christian Heck, ainsi que pour le bon et immense chien à deux pattes, Capi. Bakary Sangaré, qui l’interprète sans paroles, n’en est que plus talentueux.
L’accompagnement musical, qui permet au petit groupe de s’élever. La musique fredonnée par Vitalis devient compagne de route. Elle est au centre de l’amitié scellée entre Rémi et Mattia. Grâce à la musique, Rémy grandit, il peut imaginer un autre destin que celui qui lui était promis Comme le dit la metteure scène : « la musique adoucit les cœurs. »
De l’ensemble émerge une émotion qui prend aux tripes. Une poésie sans mièvrerie, un tableau épique et naturaliste à la fois
Quelques réserves
Aucune, la scénographie étant au cœur de ce long voyage initiatique.
Encore un mot...
Une ode à la bienveillance, au mérite et au courage des familles élargies, un hommage à la magie du théâtre itinérant qui séduit petits ety grands.
Le mot de Léna Bréban : « Hector Malot déclare avoir écrit le livre pour sa fille Lucie. À chaque page, il se demande : “Lucie sentira-t-elle cela ? Lucie pendra-t-elle intérêt à cela ?“ Comme Victor Hugo et Jules Vallès après lui, il dénonce la pénibilité du travail des enfants et la violence dont ils sont trop souvent victimes. Ces auteurs participent à l’avancée des droits de l’enfant. Les derniers ouvrages de l’auteur Le Roman de mes romans et Le Mousse sont dédiés à sa petite-fille Perrine. »
Une phrase
- Rémi : « Elle n'était pas toute seule, mère Barberin. Il y avait avec elle un père Barberin qui était le maître de la maison, et qui l'avait bien prouvé en me vendant un jour quarante francs à un vieux musicien. »
L'auteur
Hector Malot, né le 20 mai 1830 à La Bouille en Normandie, mourut en 1907 à Fontenay-sous-Bois. Sa sépulture, installée dans le cimetière de Fontenay, est surmontée d’un magnifique buste en bronze. Il était paralysé depuis deux ans. Pour mémoire, il fit des études secondaires au lycée Corneille à Rouen sur les bancs de Gustave Flaubert, scolarisé quelques dix ans plus tôt.
On lui doit une soixantaine de romans sur les mœurs et métiers du XIXe siècle, le premier, Les Amants, le dernier dont le titre, Amours de jeunes, Amours de Vieux, prête à sourire. Entretemps, Hector Malot écrivit son roman le plus célèbre, Sans famille (1878), suivi de En famille (1892). Il a également écrit des livres pour enfants (Romain Kalbris).
Ecrivain engagé, il s’est battu contre les injustices et les inégalités, par exemple en faisant rétablir le divorce, et en faisant reconnaître les droits des enfants naturels ou en faisant adopter une loi contre les travaux pénibles des enfants. Homme sage et mesuré il portait bien son surnom « Malot – la –probité. »
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