Sallinger
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Thème
Pour décor : New York, symbolisé par deux blocs blancs et verticaux. On est en 1964, les Etats-Unis sont empêtrés dans la guerre du Vietnam. Un jeune homme (de bonne famille) refuse de jouer les va-t’en-guerre, il se suicide. On l’appelle Le Rouquin.
Hantée par son souvenir, sa famille (épouse, parents, frère et sœur, ami) va se disputer sa mémoire. Début du cauchemar. L’époque est violente ; les rapports entre les membres de la famille, aussi… Un pays, une famille, ça explose dans tous les sens, à tous les étages. Avec au menu, du sexe, de la guerre, des nuits (plus belles que les jours ?), de l’alcool…
Ça crie, ça pleure. C’est joyeux, c’est désespéré avec des personnages aussi élastiques qu’azimutés par la folie. Avec de la guimauve et de la colère noire pour une descente aux enfers, pour « Sallinger » (avec deux « l »), cette pièce écrite par Bernard-Marie Koltès en un hommage à l’Américain J.D. Salinger, auteur éternel de « L’Attrape-cœurs » et de « Franny et Zoey ».
Points forts
- Avant tout et surtout le texte de Bernard-Marie Koltès, tiré au cordeau, en permanence au plus près de l’explosion et de la folie ordinaire.
- Le jeu tout en souplesse et félinité de Gabriel Tamalat (qui joue le personnage de Leslie), en élégance contenue de Claire Devere (Ma) ou encore en gracilité et haut débit de Thom Lefevre (Le Rouquin).
- Les intermèdes musicaux avec guitares électriques saturées à souhait, composés par Mark Alberts qui interprète également le personnage d’Al, le père de la famille.
Quelques réserves
- La mise en scène de Léa Sananes souffre par trop de la petitesse de la scène et de la salle des Déchargeurs.
- Les deux comédiennes qui interprètent la femme du Rouquin et son amie sont bien trop faibles et limitées par rapport aux autres membres de la distribution.
Encore un mot...
Un texte éblouissant de Bernard-Marie Koltès sur la descente aux enfers d’une famille new yorkaise après le suicide du fils. Un texte duquel débordent la violence et la folie ordinaire. Une pièce éblouissante souffrant malheureusement de points faibles qui auraient pu, qui auraient dû être évités…
Une phrase
« Rouquin (furieux) - Tu sais bien que ce n'est pas vrai. Tous, vous me détestez. Partout, on me déteste ; à l'école on me fait des grimaces, à la maison vous me faites vos sales sourires, dans la rue on me tend des pièges. Partout tout le monde, toi et les autres, vous me mettez à part. Je le sais bien, moi : ceux comme moi, tous les détestent. Qu'ils crèvent, vous dites, qu'ils crèvent, ou qu'ils rentrent dans le rang. Et moi je ne veux pas, je ne veux pas. Je ne veux pas ».
L'auteur
Né le 9 avril 1948 à Metz (Moselle), mort le 15 avril 1989 à Paris, Bernard-Marie Koltès était un auteur dramatique et comédien français. Après une scolarité difficile dans un pensionnat messin, il part en voyage à 18 ans au Canada. Un peu plus tard, il s’initie à l’œuvre de J.S. Bach, et à 20 ans, voit Maria Casarès dans « Médée »: il décide qu’il sera comédien.
A 22 ans, il écrit « L’héritage », une pièce jouée par Maria Casarès. Il voyage en Amérique latine, en Afrique et à New York, et enchaîne l’écriture de nombreuses pièces parmi lesquelles « Des voix sourdes » (1974), « Sallinger » (1977), « Combat de nègres et de chiens » (1979), « Dans la solitude des champs de coton » (1985) ou encore « Roberto Zucco » (1988).
Passionné par Shakespeare, Marivaux et Tchekhov, il est un des dramaturges français les plus joués dans le monde.
Auteur d’un théâtre de révolte basé sur des problèmes réels et la tragédie de l’être solitaire et de la mort, il a été mis en scène à de nombreuses reprises par Patrice Chéreau (dont l’impeccable « Dans la solitude des champs de coton ») et figure au répertoire de la Comédie-Française avec « Retour au désert ».
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