Sagan "Mise en Lecture"
De
Françoise Sagan
adaptation de Nathalie Vierne
Avec
BYOUNA (avril), Helene de Fougerolles (mai), Marie Christine Barrault (septembre)
Notre recommandation
4/5
Infos & réservation
Théâtre du Gymnase
38, boulevard Bonne Nouvelle
75010
Paris
01 42 46 79 79
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Thème
Ce qui nous est proposé, c’est une « Mise en lecture » volontairement un peu théâtrale de trois écrits de Sagan, sur cette scène du Gymnase Marie Bell où ont été souvent jouées ses pièces. Trois comédiennes très différentes se sont employées et s'emploieront -Byouna, c'était en avril; Hélène de Fougerolles, en mai; Marie-Christine Barrault, ce sera en septembre- chacune durant un mois, à apporter leur éclairage, leur touche, à la lecture d’un texte de « Avec mon meilleur souvenir » et d'extraits de deux volumes de nouvelles, « Des yeux de soie » et « Toute ma sympathie ». Un choix qui illustre bien le talent et la personnalité attachante de ce vif argent de la littérature.
Points forts
Une mise en scène volontairement intimiste, Un confortable canapé Chesterfield de couleur fauve prend toute la place; atmosphère chaude , propre à la confidence.
Personnellement, j'ai vu Hélene de Fougerolles, merveilleuse conteuse, toute en délicatesse, nous restituer avec sensibilité le charme et la clairvoyance de ces textes. Elle incarne avec humour et élégance la scène des toilettes du Paris Lyon, un fort joli moment de théâtre.
Deux jeunes ingénues donnent un souffle juvénile à l'ensemble, en mettant l’accent sur le côté vivant, libre, fugace et direct de « ce charmant petit monstre » de l’écriture, au style proche du reportage, vrai, concret. Ces intermèdes servent habilement de transition entre les textes.
Un danseur mutique éclaire parfaitement le premier texte de l’adolescence et de ses découvertes, limite inquiétant, créant une sorte de suspense, pour ce texte, bel exemple d’un style proche du reportage.
Quelques réserves
. Il nous reste en mémoire la diction de Sagan, hachée, rapide, presque au couteau, qui nous manque parfois; dans la lecture de la lettre à Jean Paul Sartre, par exemple.
. La présence du danseur, tel une ombre, est-elle indispensable à toutes les scènes ? Ses mimes suggestifs, comme un double noir, contrebalancent la légèreté et la vivacité des jeunes comédiennes? Peut-être ses mouvements, fluides ou désarticulés, veulent-ils souligner l’écriture heurtée comme le côte insaisissable, difficile à capter, de Sagan ?
Encore un mot...
Menée à vive allure,c’est une approche de qualité avec un choix éclectique et voulu de trois éclairages, tel un triptyque pour cet écrivain à multiple facettes, fidèle à elle- même, généreuse, spontanée, brûlant sa vie et nous livrant sa vérité sur son époque.
Elle nous manque.
Je retournerai, en septembre, voir l'interprétation de Marie Christine Barrault.
Une phrase
"La vitesse est un élan de bonheur."
L'auteur
Révélée par son roman Bonjour Tristesse, à l’âge de 18 ans, Françoise Sagan a incarné la Nouvelle Vague. Une écriture sobre et directe, une liberté de ton, sensibilité et acuité, humour et tendresse, ses romans et pièces de théâtre sont des peintures vives de ce monde gâté qu’elle côtoie, sans en être dupe: "Aimez vous Brahms", "Château en Suède" etc...Elle était
l’icône d’une forme d'anticonformisme. La vie « à toute allure ». Elle disait d’elle-même qu'elle était une « héroïne d’une bande dessinée qui s’appelait Sagan; on ne me parlait plus que d’argent, de voiture, de whisky » Elle était liberté et amitié, vitesse et jeu, fête et alcool, insouciance et générosité. Mais tel un chat qui griffe et qui joue. Un tendre cynisme et un bel esprit critique.
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Pensez-y pour septembre!!
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