Rusalka
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Thème
Inspiré de l'Undine de La Motte-Fouqué, empruntant aussi des éléments à La Petite Sirène d'Andersen et à La Cloche engloutie de Hauptmann, Rusalka est un opéra en trois actes autour du mythe de la femme-poisson...
La nymphe Rusalka, créature aquatique, s'éprend d'un prince humain. Pour le rejoindre sur la terre, elle demande à la sorcière Jezibaba de lui donner forme humaine. Celle-ci accepte à condition que Rusalka fasse vœu de silence. Mais le jour même de ses noces, découragé par le mutisme glacé de sa fiancée, le Prince la délaisse pour rejoindre une Princesse étrangère. Abandonnée par les siens, Rusalka est condamnée à errer seule dans les eaux glacées. Quitté à son tour par la Princesse étrangère, le Prince perd la raison. Il part à la recherche de son ex-fiancée. Quand il la retrouve, et bien qu'il sache que ce geste lui sera fatal, il la supplie de l'embrasser. Il meurt dans ses bras. Rusalka reste damnée.
Points forts
- D'abord, l'œuvre, qui est vraiment un chef-d'œuvre. Durant trois actes, sur un livret d'une poésie ensorcelante, qui oppose le monde idéal et éternel des naïades à celui, faillible et mortel, des humains, qui mêle réalisme et fantastique, mythologie grecque et nordique, Dvorak a composé une musique dont les lignes mélodiques et les timbres orchestraux sont d'une séduction irrésistible.
- Séduction irrésistible... La formule peut également convenir pour qualifier la mise en scène de Robert Carsen, sans doute l'une des plus saisissantes de sa carrière. D'une très grande beauté formelle, elle réussit à montrer, notamment par l'utilisation de savants jeux de miroirs, l'impossible communicabilité entre le monde des ondines et celui des humains. De la première à la dernière note de l'Opéra, le travail de Carsen est tout le temps signifiant et subtil. Teintes froides pour les décors des scènes « aquatiques », couleurs chaudes pour ceux des séquences « terrestres », mais où que nous emmène l'œuvre, l'œil est comblé.
- L'oreille aussi est satisfaite !. Dans le rôle titre, la soprano finlandaise, Camilla Nylund, est musicalement irréprochable. L'émotion qu'elle dégage va crescendo jusqu'à la scène finale où elle parvient à suspendre le souffle des spectateurs. Face à elle, le ténor allemand Klaus Florian Vogt, qui est le Prince, offre une ligne de chant parfaite. Il a la fougue de son personnage. Dans le rôle de la Princesse étrangère, la finlandaise Karita Mattila est, voix, présence scénique, sensualité, d'une séduction folle. Quant au baryton Thomas Johannes Mayer, qui interprète le père de Rusalka, on lui doit le moment le plus poignant de la soirée, celui où il chante « Pauvre, pauvre Rusalka ».
- Dans la fosse, la Chef finlandaise Susanna Mälkki assure ! Sa direction est aussi précise qu'élégante. Elle tire le meilleur de l'Orchestre Maison. Ce qui n'est pas rien,. Sa prestation lui vaut une belle ovation finale.
Quelques réserves
Le jour de la première, les dix premières minutes ont paru un peu dépourvues d'émotion, comme si, dans la fosse et sur le plateau, chacun prenait ses marques. Cette impression s'est vite dissipée, tant cette représentation s'est déroulée, ensuite, sans faiblesse jusqu'à la fin.
Encore un mot...
Quelle belle idée a eue Stéphane Lissner de remettre à l'affiche cette production de Rusalka. C'est la quatrième fois depuis sa création en 2002, mais elle est tellement sensationnelle et élégante, qu'on ne s'en lasse pas. D'autant moins que pour chaque reprise, la direction de l'Opéra peaufine d'irréprochables distributions, musicale et vocale . On sort de cette soirée triomphale- parce que sans aucune fausse note dans aucun domaine- à la fois émus et émerveillés.
Une phrase
« Dvorak est de ces compositeurs, à l'instar de Mozart, touchés par la grâce, chez qui on ne sait jamais comment les choses arrivent et comment elles s'imposent comme l'évidence même. On écoute ainsi la magnifique prière de Rusalka à la lune au premier acte pour conclure que le croyant Dvorak n'a jamais écrit une aussi belle prière à la Vierge que celle qu'il met dans la voix de son héroïne. On pourrait en dire autant du dialogue d'amour de celle-ci et du prince au seuil de la mort, que certains ont rapproché de Tristan et d'Isolde ». ( Guy Erismann, musicologue)
L'auteur
Né le 8 septembre 1841 dans un petit village proche de Prague, Antonin Dvorak commence à jouer du violon dès l'âge de cinq ans dans l'auberge de son père. Emu par ses dons, l'instituteur va parallèlement lui enseigner l'orgue, le piano et l'alto. Après avoir étudié l'orgue à Prague, il entre comme violoniste dans l'orchestre du Théâtre national de la ville où il reste jusqu'en 1871, ce qui lui permet de découvrir le répertoire classique et contemporain. C'est de cette période que datent ses premières œuvres. En 1871, il décide de se vouer complètement à la composition, ne subsistant que grâce à ses émoluments d'organiste de l'église St-Adalbert de Prague.
En 1878, grâce à l'appui de Brahms, un éditeur situé à Berlin publie ses Danses slaves. C'est le début de la notoriété. Les portes du monde entier s'ouvrent à lui, notamment celles de l'Angleterre, mais aussi celles de l'Allemagne, de la Russie, de la Hongrie, puis celles de New York où il professe jusqu'en 1895. De retour à Prague, il devient directeur du Conservatoire et se consacre essentiellement à l'Opéra. Il meurt brutalement le 1er mai 1904 d'une congestion cérébrale, laissant une œuvre abondante et diverse qui témoigne d'une constante inspiration du folklore tchèque et de l'influence de Brahms et de Liszt.
Au même titre que son ainé Bedrich Smetana et son cadet Leos Janacek, Antonin Dvorak est considéré aujourd'hui comme une figure majeure de la musique tchèque.
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