Si vous vous sentez capable, à plusieurs reprises, de vous laisser éblouir par le spectacle sans faire trop attention au texte...
Thème
Tragédie-ballet à grand spectacle, entre opéra et théâtre, cette oeuvre a été écrite par Molière deux ans avant sa mort, sur commande de Louis XIV, et avec la complicité de Corneille: c'est l'histoire d'une simple mortelle, Psyché, qui par sa beauté suscite la jalousie de Vénus; celle-ci organise contre elle une machination machiavélique, dont Psyché triomphera, accédant même, grâce à Jupiter, à l'immortalité.
Points forts
Ayant eu l'audace de s'emparer de celui qui est sans doute le plus culotté des contes de fée -Psyché étant, de toute la mythologie, la seule personne humaine devenant immortelle-, Véronique Vella a eu la bonne idée de s'adresser d'abord et avant tout à l'enfant qui est en nous et de chercher, en priorité, à nous amuser et à nous éblouir. On est souvent amusé, et presque toujours ébloui:
- la mise en scène est d'une extraordinaire ingéniosité.
- les décors sont fascinants.
- les costumes sont somptueux.
- les jeux de lumière sont féeriques.
- la musique, d'aujourd'hui, rend l'oeuvre toute proche: çà commence comme "LES CHORISTES" puis,plusieurs fois au cours du spectacle, on se croirait à Broadway devant une grande comédie musicale.
- Sylvia Bergé est, avec infiniment de recul et d'humour, une Vénus exceptionnelle de vigueur, de force, de violence. Sacrée performance!
Quelques réserves
- Toute cette magie théâtrale ne peut empêcher le texte lui-même d'avoir peu d'intérêt. On glane simplement au passage quelques belles formules. Ces deux-ci, par exemple. Au sujet des hommes: "l'espoir, plus que l'amour, c'est ce qui les attire". Ou encore cette confidence de Psyché: "je sens croître l'amour, quand j'ai perdu l'amant".
Heureusement, l'oeuvre a été réduite de 5H1/2 à 2H1/2. Sans doute ne serait-il pas inutile de la raccourcir encore d'une heure...
- Le couple entre l'humaine Psyché et le dieu Amour n'emporte pratiquement jamais l'adhésion. Ce ne sont pas les qualités des deux comédiens, Françoise Gillard et Benjamin Jungers, tous deux intrinsèquement remarquables, qui sont en cause, mais leur adéquation aux rôles et leur complémentarité en tant que couple.
- La réussite est telle dans tout ce qui est traité avec humour, au second degré, que les passages dramatico-tragiques subsistants ne semblent plus à leur place.
- Enfin, le choix de faire jouer les comédiens avec un micro est curieux, dans une salle dont l'acoustique vient d'être réaménagée. D'autant qu'en l'occurrence, le son a un côté métallique qui ne correspond pas du tout à l'humour de la mise en scène...
Encore un mot...
- Chapeau, la Comédie-Française, de pouvoir conjuguer en son sein, et jusqu'à l'excellence, des talents aussi divers: mise en scène, décors, costumes, lumière, scénographie, interprétation, chant etc...
- "LE SYSTEME RIBADIER", Au Vieux-Colombier; '"LA FLEUR A LA BOUCHE" et "LA PRINCESSE AU PETIT POIS", au Studio-Théâtre; cette "PSYCHÉ", Salle Richelieu: voilà trois réussites hors normes pour la Comédie-française, en un trimestre. On peut bien lui pardonner son "HAMLET" trop familier.
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