Made in France
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Thème
Après tout ce temps passé à l’attendre derrière les barreaux, ça y est, Emile a obtenu sa peine aménagée ! Dès demain, il passera ses journées à l’usine et ses nuits en centre de détention, de quoi rêver d’une sortie rapide pour bonne conduite.
Problème : l’usine où il s’apprête à travailler délocalise. Émile n’a plus le choix : pour se sauver, il faut qu’il devienne le meilleur des syndicalistes, sauve l’usine, ses collègues et, peut-être, au passage, le pays tout entier.
Made in France est un spectacle qui raconte le combat d’hommes et de femmes prêts à tout pour sauver l’industrie française... enfin, à tout, sauf à faire quelque chose...
Points forts
La force d’une écriture sur un sujet sensible : une fois encore, c’est une réussite que la Compagnie du Bleu réalise ici avec cette satire féroce écrite de mains de maître par Samuel Valensi et Paul-Eloi Forget sur la désindustrialisation.
Cette farce cruelle a le rire pour arme fatale, dans une situation ubuesque que traverse les personnages de cette tragédie sociale. Il faut toute l’intelligence des auteurs pour faire de ce spectacle autant un cri d’alarme qu’un constat cruel et cynique des réalités du monde économique et politique qui se préoccupe peu du social, piétinant allègrement les règles pour satisfaire ses intérêts.
Le rythme fluide et endiablé, avec une mise en scène dynamique, virevoltante, des dialogues cinglants, et une équipe de comédiens polymorphes dont la folie n’a d’égal que la générosité et le talent.
L’originalité d’une bande-son en direct sur le plateau.
Quelques réserves
- Aucun.
Encore un mot...
C’est avant tout - et c’est la force de ce spectacle - un spectacle populaire, au meilleur sens du terme car tous les ingrédients sont là la farce, la tragédie, le drame, la comédie pour susciter l’empathie, la compassion, le rire, la réflexion. Cerise sur le gâteau, c’est un théâtre citoyen, engagé sans démagogie.
Il faut donc courir voir Made in France pour réveiller nos consciences assoupies, plonger en pleine Absurdie, et encourager cette écriture revigorante qui fait honneur au Théâtre !
Une phrase
- Casagrande : « Tu vas pouvoir balayer toute ta vie, ne t’en fais pas. Que tout le monde se rassure, je n’ai pas l’intention de reprendre l’activité. Et encore moins tous les emplois. Au directeur Quand est-ce que la délocalisation sera terminée ?
- Le directeur : Le site à l’étranger sera ouvert à l’été prochain.
- Casagrande : Alors je maintiendrai l’activité et les emplois jusqu’à l’été prochain.
- Rebecca - Et ensuite ?
- Casagrande : Ensuite, je supprimerai les emplois dont je n’ai pas besoin et transformerai le site en entrepôt logistique pour ma plateforme de vente en ligne. Au directeur, Vous pouvez dire au groupe qu’il n’y aura plus de concurrent ici.
- Rebecca : C’est une blague ?
- Le directeur : Vous êtes prêt à le mettre par écrit ?
- Casagrande : Si ça reste privé, bien sûr.
- Rebecca : Combien d’emplois il va rester ici ?
- Casagrande : Une cinquantaine.
- Rebecca : Et tu veux que j’engage la ministre dans ce merdier ?
- Casagrande : C’est pas un merdier : il devait y avoir deux cents suppressions d’emplois, grâce à moi, il n’y en aura que cent cinquante. »
L'auteur
Samuel Valensi a écrit et mis en scène sa première pièce, L’Inversion de la courbe, créée au Théâtre de Belleville en 2017 puis reprise en 2018 et 2021 dans le même lieu. Il poursuit dans l’écriture et la mise en scène avec Melone Blu, créé au Théâtre 13 – Seine en 2019, spectacle coup de cœur de la Fondation pour la Nature et l’Homme et pour lequel il a reçu le prix jeune talent FORTE 2019 de la Région Île-de- France. Compositeur pour plusieurs spectacles dont Des Souris et des Hommes mis en scène par Paul Balagué et L’envol 1946 mis en scène par Juliette Moltes, il participe activement aux rapports du Think Tank The Shift Project , fondé par Jean-Marc Jancovici, où il est co-responsable du secteur culturel. Il y mène un travail de recherche et de documentation sur la transition écologique dans la culture. Coupures est sa troisième création, en co-écrite et mise en scène avec Paul-Eloi Forget.
Paul-Eloi Forget est reçu à l’ESAD en 2013. En parallèle de sa formation, il fait la rencontre de Paul Balagué qui l’invitera à rejoindre la Compagnie en Eaux Troubles. Il participe alors à la création de Des Souris et des Hommes, où il rencontre Samuel Valensi. En 2015, il participe en tant que comédien à la création de Merlin, spectacle de neuf heures mis en scène par Paul Balagué et produit par Samuel Valensi au Théâtre du Soleil. Il a activement travaillé avec ce dernier et La Poursuite du Bleu en tant que comédien, tant sur la création de L’Inversion de la courbe au Théâtre de Belleville en 2017, que sur la création de Melone Blu au Théâtre 13 en 2019. En 2019, il est comédien et acrobate dans Les Troyens de Berlioz, mis en scène par Dimitri Tcherniakov à l’Opéra national de Paris. Il collabore fréquemment avec Damien Babikian tant dans de nombreux courts métrages que pour Le Vrai Média, journal parodique et satirique diffusé sur la chaîne Le Média. Dans Coupures, il se partage entre l’écriture et la mise en scène en duo avec Samuel Valensi, et le jeu.
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