Prix No’ Bell
Scénographie Luca Antonucci
Durée 1h 30
Infos & réservation
Thème
Comment trouver sa place dans une université anglaise prestigieuse (Cambridge) lorsqu’on est une jeune femme issue d’ une province pauvre du nord de l’Irlande ?
Eh bien, par le travail pardi, encore et encore ! Jour et nuit, penchée sur la paillasse de son laboratoire, Jocelyn Bell qui vient de débuter une thèse en astrophysique, et elle traque sur son télescope de mystérieux objets célestes,appelés quasars...
Eurêka ! Elle repère un jour un signal qui va révolutionner sa discipline. Une avancée majeure… Scepticisme pourtant de son directeur de thèse, Anthony Hewish : comment une petite étudiante pourrait-elle découvrir quelque chose d’ aussi génial ? Progressivement pourtant la vérité scientifique s’ impose.
Mais, sans vergogne, Anthony Hewish s’ approprie la découverte : à moi la gloire, les conférences de presse et la récompense suprême : le prix Nobel !
Un coup de Jarnac que Jocelyn Bell accepte, sans broncher.
Points forts
Une réflexion qui vise à démonter les relations de pouvoir dans cette société des années 1960 (à des années lumière de la nôtre…) largement structurée par le patriarcat .
La douceur du jeu de Clémentine, qui masque une colère sourde et chante sur scène des airs pleins de vie et de mélancolie.
Un décor de piquets métalliques amovibles que les acteurs manipulent au gré des situations : l’ espace du laboratoire, l’ intimité d’ une chambre.
Mention spéciale pour le travail vidéo de Guillaume Junot : ces nuées astrales sont pure poésie…
Quelques réserves
A trop vouloir démontrer, on frôle parfois la caricature. Des femmes invisibles dans les grandes institutions scientifiques oui bien sûr, comme certains hommes lorsqu'ils sont encore étudiants ou dans des fonctions subalternes.
L’interview dans la pièce, conduite par une journaliste (sexisme féminin ?) qui interroge sérieusement le directeur de recherche sur sa découverte, puis questionne ensuite Jocelyn Bell sur sa coiffure est outrancière.
Encore un mot...
Ce second épisode d’ une série théâtrale consacrée à “ ces femmes méconnues qui ont changé la face du monde” s’ inscrit dans un cycle intitulé Les Fabuleuses.
Le premier spectacle évoquait la figure de Lise Meitner, une physicienne autrichienne qui a travaillé sur la fusion nucléaire. Le numéro trois sera consacré à Rosalind Franklin , physico- chimiste britannique, qui a mis au jour la structure en hélice de l’ ADN.
Or aucune de ces femmes n’ a obtenu le Nobel…
- Sur l’ interprétation de son personnage Clémentine Lebocey nous déclare: « Ce n’ est pas une femme résignée, mais une femme pugnace, endurante qui porte une charge mentale considérable et s’ enferme ensuite dans le silence. Elle était prise dans un étau. A sa place, j’ aurais tapé du poing sur la table. »
Une phrase
La journaliste : « Jocelyn Bell Burnell ne pensez-vous pas que vous méritiez au moins de partager ce prix Nobel ?
Jocelyn Bell: A cette époque, la science était faite par des hommes, souvent à la tête d’ une armée d’ étudiants qui n’ étaient pas censés penser beaucoup. Je crois que le Comité Nobel ne savait même pas que j’ existais. »
L'auteur
Élisabeth Bouchaud est autrice de théâtre, comédienne et physicienne. Elle enseigne à l’ étranger et a publié une centaine d’ articles scientifiques dans des revues spécialisées.
- Elle a écrit onze pièces et interprété le rôle de Marie Curie dans Le Paradoxe des jumeaux créé en 2017.
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