Phèdre(s)
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Thème
Vingt cinq siècles séparent les Phèdre(s) que le metteur en scène Krzystof Warilowski convoque, dépeint et sublime dans un labyrinthe de passions déferlantes. L’irrépressible envie de Phèdre de posséder Hippolyte son beau-fils, le fils de Thésée, son second mari, est le fil d’Ariane à travers les siècles et les auteurs.
Chacune à leur façon, trois Phèdre(s), nous entraînent sur ce chemin de destruction:
- Celle de Wajdi Mouawad, venue d’un orient chargé de séduction et d’érotisme, très librement inspirée des classiques grecs.
- Celle, si contemporaine, de Sarah Kane chez qui désir et sexe ont effacé toute possibilité d’amour dans un monde où les dieux ont disparu.
- Celle d’Elizabeth Costello, l’héroïne de J. M. Coetzee, une conférencière provocatrice qui s’interroge sur les rapports sexuels entre humains et divinités…
Chacune à leur façon nous interrogent sur la passion, le désir et les interdits aujourd’hui.
Les derniers mots seront ceux de Racine et d’Isabelle Huppert remerciant les spectateurs de leur attention. Des remerciements bienvenus, car on sort du spectacle comme d’une véritable épreuve...
Points forts
La séduction commence avec le chant oriental envoûtant de Norah Krief et l’interprétation sensuelle de la sculpturale danseuse Rosalba Torres Guerrero.
- Isabelle Huppert, au sommet de son art en Phèdre(s) intemporelle, nous entraine dans une dérive destructrice à laquelle il est difficile d’échapper. Le désir amoureux fait la loi. Les corps en ont soif, il n’y a plus d’interdit et les dieux en jouent.
- Les acteurs qui l’entourent tiennent tous leur rôle avec puissance et justesse.
- L’efficacité du parti pris scénique (grand écran… pour une fois pleinement justifié), décor, lumières, sons… tout est pensé et maîtrisé pour nous enfermer dans le labyrinthe des passions.
Quelques réserves
Tant de sang, de sexe, d’obscénités sur scène finit par anesthésier. Au-delà d’un certain seuil il n’y a plus d’émotion, plus de sentiments. Cela fait sans doute partie d’un projet… qui porte en lui son auto destruction.
Le déferlement de messages, de références, de sons, rend difficile le recul, la compréhension même du propos. Les auteurs sont dans leur tête, avec leurs références et leurs constructions… souvent difficiles à suivre.
Encore un mot...
Dans un monde ou tout se dit, se montre, la passion emporte tout. Délire destructeur ou vision prophétique annonçant les nouveaux barbares?
Une phrase
« Le Ciel sacré sent le désir de pénétrer la Terre, un désir prend la Terre de jouir de l’hymen […] et de tout cela, la cause première, c’est moi. »
L'auteur
K.Warlikowski fait appel aux anciens -Euripide (Hippolyte) et Sénèque (Phèdre)- et aux contemporains ! Trois auteurs se succèdent pour évoquer « leur » Phèdre:
- Wajdi Mouawad, metteur en scène et comédien libano-canadien, a signé une vingtaine de pièces de théâtre avant « Une Chienne » texte écrit en mars 2016 à la demande du metteur en scène.
- Sarah Kane, dramaturge britannique, écrit à 25 ans « L’Amour de Phèdre » (1996), avant de disparaître.
- John Maxwell Coetzee vit entre Afrique du Sud, Australie et Etats-Unis. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 2003 et écrit « Elisabeth Costello » en 2004.
Racine aura le mot de la fin.
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