Personne d’autre

Un très émouvant portrait de femme, d’une grande force et d’une grande beauté, magnifiquement incarné.
De
Botho Strauss
Durée : 1h
Mise en scène
Daniel Benoin
Avec
Aurélie Saada
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Studio Marigny
Carré Marigny
75008
Paris
01 86 47 72 77
Jusqu’au 27 avril, Les vendredis et samedis à 19h, les dimanches à 18h

Thème

  • Une femme, “seule en scène“ (comme on appelle ce genre de spectacle), mais sur laquelle plane le spectre de l’homme qu’elle aime et qui, le jour même, va en épouser une autre et ne l’a pas invitée au mariage.

  • Personne d’autre, c’est cette lettre d’adieu qu’elle lui écrit : du désaveu à la reconstruction, de l’amour à la liberté, en traversant la solitude, c’est le portrait magnifique d’une femme qui s’écrit sur scène.

Points forts

  • Ce qui frappe, c’est l’infinie variété des registres et des émotions qui traversent Aurélie Saada, et qu’elle nous offre. Toute en contrôle et en contrastes, la comédienne prend possession de l’espace, s’approprie cette grande scène qu’elle traverse comme un animal blessé qui semble se cogner à ses quatre coins.

  • Aurélie Saada dit qu’elle voulait absolument jouer ce texte - mi-nouvelle mi-monologue de théâtre - qui résonne avec sa vie intime. Elle s’en empare pour donner vie à la langue de Botho Strauss. Elle en fait un combat entre la vie et la mort, le refus et l’acceptation, la colère et la paix, en allant puiser au fond d’elle-même la force et la fragilité qui l’embrasent tout à tour.

  • Il y a dans ce texte magnifique toute la complexité des relations amoureuses et des êtes qui la partagent, avant parfois de s’en extraire. Sa richesse est de faire d’un sujet plutôt banal une œuvre peu conventionnelle. Ce sont en effet de multiples échos qui résonnent dans la tête de cette femme bafouée, dans cette parole fragmentée, dans le désarroi de cette femme en souffrance.

  • La scène, quasi vide, offre parfois un écran pour la projection d’œuvres de Francis Bacon. Ces tableaux magnifiques et torturés offrent une représentation de la déconstruction de l’histoire et du personnage féminin. 

  • Le travail du metteur en scène, Daniel Benoin, est dans l’ensemble remarquable.

Quelques réserves

  • Aucune réserve : cette courte pièce (une heure) est d’une intensité et d’une puissance rares.

Encore un mot...

  • Aurélie Saada fût la moitié du duo Brigitte, qui connut un beau succès dans la chanson dans un style mêlant jazz et variété française.  Ceci explique pourquoi elle chante magnifiquement les quelques petites ritournelles qui parsèment le spectacle.

  • Elle touche à tout puisqu’elle est également réalisatrice, autrice, compositrice, et comédienne, qui incarne ici ce texte avec un talent et une émotion rares.

Une phrase

  • « Toi, mon homme, tu prends aujourd’hui une autre femme. »

  • « Tu es heureux et aveugle, je suis malheureuse, et je vois. »

  • « Mais moi, je te fais surgir, je te fais revivre, vivre avec moi chaque fois que j’en ai le désir. J’ai trouvé les mots magiques – tu ne m’échapperas pas. »

L'auteur

  • Botho Strauss est un dramaturge, romancier, essayiste et écrivain allemand, né en 1944. Il commence sa carrière en tant que critique, travaille à la Schaubühne de Berlin, traduisant et adaptant Ibsen, Labiche et Gorki, avant d’écrire ses propres pièces, imposant ses fresques sur la solitude, l’enfermement et les situations d’incommunicabilité.

  • Botho Strauss est de nos jours l’auteur dramatique allemand contemporain le plus joué en Europe.

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