
Le Masque de fer et le Mousquetaire
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Thème
Monsieur de Saint-Mars, ancien mousquetaire du roi et compagnon de d’Artagnan, n’a pas connu le même succès que ce dernier. En effet, après avoir été durant des années geôlier de Fouquet à Pignerol, le voilà geôlier à la Bastille d’un non moins célèbre prisonnier : le masque de fer !
Il est interrogé par Monsieur Linget, un journaliste de La Gazette d’Amsterdam, qui veut savoir - comme tout le monde - qui se cache derrière ce masque.
Nous assistons à l’entretien.
Points forts
La magistrale interprétation du comédien, servi par une diction digne de la Comédie Française, sur un texte empli de tournures élégantes à l’ancienne. Ah, le savoureux imparfait du subjonctif…
On vit littéralement la jalousie de Saint-Mars à l’égard de d’Artagnan, qui l’a laissé croupir d’abord à Pignerol puis à la Bastille, alors qu’il n’avait pas démérité dans ses exploits antérieurs. Où il serait question d’une lettre de cachet, lors de l’arrestation de Fouquet au Parlement de Nantes, malencontreusement égarée par Saint-Mars, et de l’excellente mémoire de d’Artagnan à ce propos… Damned !
Les questions opportunes du journaliste sur la personnalité de ce prisonnier aux conditions de cachot fort dures : interdiction totale d’émettre le moindre son ; pas de promenade sauf nuitamment et seul, bien entendu ; port obligatoire d’un masque qui, de velours initialement se transforme en masque métallique. Ce serait un prisonnier politique, détenant des secrets à même de compromettre l’Etat monarchique…
Les réponses de Saint-Mars, précises dans les détails mais extrêmement floues dès qu’il s’agit de la personnalité de son prisonnier : qui est-il ? qu’a-t-il donc fait ? pourquoi est-il incarcéré ?
Une mise en scène dont la sobriété est bienvenue : un tonneau pour table, deux chopes en étain, un chapeau de mousquetaire, une épée et deux sièges plantent le décor.
Quelques réserves
- Aucune : on est scotché au spectacle jusqu’à l’extinction des lumières.
Encore un mot...
Donat Guibert laisse transpercer l’aigreur de Saint-Mars vis-à-vis de ces puissants qui l’ont laissé choir et l’ont abandonné à une carrière à vie de gardien de prison : Pignerol, Exilles, Sainte-Marguerite et pour terminer la Bastille. Pour un combattant comme lui, le rejet est cuisant.
Le personnage cependant n’avait rien de reluisant : arriviste, cruel, menteur et mythomane patenté, il décide d’inventer cette légende pour sortir de la médiocrité et donner du romanesque à une existence qui en manquait singulièrement.
• L’affaire en tout cas est superbement contée et incarnée de main de maître : chapeau l’artiste !
Une phrase
Saint-Mars :
« Quelle grande souffrance que l’oubli des puissants ! »
« Je n’ai fait qu’obéir. Je n’étais pas un mauvais bougre. »
L'auteur
Pour alimenter son texte, le comédien Donat Guibert s’est appuyé sur les écrits d’écrivains tels que Voltaire, Dumas et J.-C. Petitfils. Les récits de chacun d’entre eux ont donné du corps à son personnage. L’auteur a ainsi démythifié Saint-Mars mais lui a donné l’occasion de nous parler des grands personnages intervenant sous le règne de Louis XIV.
Ce comédien de formation classique a travaillé avec les plus grands : Louis Seigner, Roland Bertin, mais aussi Mireille, du Petit Conservatoire !
Donat Guibert intervient régulièrement au cinéma, à la télévision, et surtout au théâtre. Il y joue Fouquet, d’Artagnan, 3 Tchekhov sinon rien, Les amours de Lauzun et de la Grande Mademoiselle ou encore Le plaidoyer de Louise Bourgeois accoucheuse de la Reine. Nous restons avec lui dans le domaine des Belles Lettres.
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