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Thème
« Peer Gynt », la pièce de la quête de soi, ne se résume pas à ses péripéties farfelues et irréelles. Ibsen ( 1828-1906) disait que c’était ce qu’il avait écrit de plus fou. Vivant alors en Italie, il fut comme rattrapé par les fantômes et les contes mythiques de sa Norvège natale, remplis de maléfices et de Trolls, ces créatures monstrueuses, assoiffées de mal et de tromperies.
L’auteur de « Une maison de poupée », « Hedda Gabler » ou « Le canard sauvage » n’en oublie pas pour autant la vive critique de la société et des comportements égoïstes. Son personnage, Peer, ne cherche pas à plaire. Au contraire, il se revendique désagréable, prétentieux, arriviste sans foi ni loi, « chargé comme un chameau du bien et du mal d’autrui ».
Au début de la pièce, il vit misérablement avec une mère vociférante qui a l’air d’être sa fiançée, avec ses longs cheveux roux de sorcière ou de jolie poupée. Pour son fils, le Diable est en toutes les femmes. Il faut fuir.
Sa quête initiatique commence. Il quitte Solveig, la jeune fille idéale, qui l’aime, pour aller en enlever une autre le jour de ses noces. En pensée, il convoitera la fille du roi des Trolls et se verra obligé de l’épouser. Un petit Troll naîtra, ou un bouc. Peer fuit encore. A lui l’avenir. Il devient un armateur riche et pourquoi pas un prophète du désert couvert de beautés féminines ondulantes. Mais d’abandons en abandons, quand Peer rentra-t-il enfin au pays pour « entendre mugir le sapin »?
Points forts
1) La pièce qui normalement dure 7 heures est ici réduite à 2h10 sans que l’on soit frustré. Tout y est. Les interrogations sur le « comment vivre », « être soi-même », « réussir ou rater » …ne sont pas appauvries.
2) La mise en scène de troupe réalisée par Christine Berg emporte le spectateur. Même si Peer ( Antoine Philippot) et sa mère ( Céline Chéenne) ressortent, tous les acteurs sont parfaits. Ils jouent plusieurs rôles et passent de l’homme à la femme sans qu’on y voie le museau d’un Troll. Le rythme et l’énergie ne les lâchent pas.
3) Le visuel. L’espace scénique et les costumes de Pierre-André Weitz , sur le fond noir d’un rond de cirque assez abstrait, sont d’une vraie beauté. C’est sombre et parfois pailleté . L’atmosphère féérique et effrayante de l’univers des Trolls saisit comme dans un cauchemar enfantin. Les ragondins géants ont des longues queues qui font peur.
La scène où Peer déflore la mariée volée est magnifique avec la tache rouge qui grandit peu à peu sur la robe blanche.
Quelques réserves
L’orchestre sur la scène, avec clavier et percussions, a beau être très bon, sa présence dérange un peu. Il appartient à un autre univers, contemporain et réaliste. Mais c’est une tendance actuelle au théâtre...
Encore un mot...
Le théâtre de la Tempête offre, avec l'irrésistible « Protée » et ce « Peer Gynt » , une saison de féerie, de rêve, de littérature théâtrale. On ne se lasse pas des grands textes.
Et si l’on ne revient pas de chez les Trolls, « soi-même » est peut-être le pays où l’on n’arrive jamais….
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