Peau d’âne
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Thème
Bien sûr, comme il s’agit d’un conte imaginé par Charles Perrault en 1694, l’histoire commence par : « Il était une fois… ».
Donc, il était une fois un souverain dont le royaume avait la particularité de tirer son immense richesse d’un âne qui, au lieu de faire du crottin, expulsait des pierres précieuses et des pièces d’or. Ce roi était marié à la plus belle des reines. Mais voilà que sur le point de mourir, cette reine fait promettre à son époux de ne se remarier qu’avec une femme plus jeune et plus belle qu’elle. Or la seule qui corresponde à ces critères est la propre fille du roi. Epouvantée à l’idée d’épouser son père, cette dernière demande de l’aide à sa marraine la fée, qui lui suggère alors de faire, à son prétendant, des demandes extravagantes, d’abord des robes de couleurs extraordinaires, puis le sacrifice de son âne. Mais le roi ayant accédé à tous ses désirs, la Princesse s’enfuit, cachée sous la peau de l’âne. Un jour, passe un prince devant la cabane où elle s’est réfugiée. Il est subjugué. Pour l’épouser, il a l’idée de lui demander un gâteau dans lequel elle devra glisser un anneau d’or… La magie s’en mêlera… Tout est bien qui finira bien…
Devenu au fil des siècles un classique de la littérature enfantine, ce conte fut adapté pour le grand écran, en 1970, par Jacques Demy, qui demanda au compositeur Michel Legrand de le mettre en musique. D’une beauté et d’une féérie sans pareil, sublimée par une partition délicieuse, à la fois pop et jazzy, cette comédie musicale est aujourd’hui l’un des films cultes des Français.
Points forts
- D’abord, quelle belle idée de la part de Jean-Luc Choplin d’avoir voulu rouvrir le Théâtre Marigny - après cinq années de travaux - avec une féérie musicale. Il redonne à ce lieu sa vocation première, celle d’accueillir des spectacles musicaux de tous genres : opéras comiques, opérettes et revues.
- Ensuite, quel splendide coup d’éclat de sa part d’avoir eu le culot de porter, pour la première fois sur scène, un des films les plus féériques du répertoire ! En plus, il n’en propose pas une pâle copie, il le « recrée ».
- Et la magie opère ! Les costumes et les décors sont somptueux, inventifs, éblouissants. Les scènes s’enchainent avec fluidité. Le merveilleux est là, qui opère du début à la fin, et qui enchante petits et grands.
- Côté distribution, les rôles féminins sont formidablement bien servis. Voix céleste et présence gracieuse, la jeune Marie Oppert (21 ans), qui joue Peau d’Ane, parvient à faire oublier Catherine Deneuve. Emma Kate Nelson compose, sur patins à roulettes, une savoureuse et pétillante fée marraine. Quelle voix et quelle présence aussi ! Quant à l’Etoile Marie-Agnes Gillot, dans une robe rouge enchanteresse, elle propose, une reine aussi « drôlissime » que virevoltante.
- Dans la fosse, huit musiciens jouent la musique rayonnante de Michel Legrand. Une musique entièrement retravaillée pour l’occasion par le compositeur. La salle, qui connaît la partition par cœur, en fredonne évidemment les tubes, dont celui de la recette du cake d’amour.
Quelques réserves
- Quel dommage d’interrompre, par un entre-acte, les songes dans lequel nous plonge le spectacle…
- On s’interroge sur le choix de Claire Chazal pour être la narratrice.. Le soir de la première, la journaliste a semblé mal à l’aise. Espérons que son trac s’atténuera au fil des représentations.
Préciser quand même que ces deux bémols ne gomment pas la féérie de la soirée.
Encore un mot...
Des travaux d’un coût de 2O millions d’euros et qui auront duré 5 ans… Certes, c’est beaucoup d’argent et une longue fermeture. Mais ces investissements n’auront pas été vain. Du moins à en juger par l’accueil, triomphal, réservé à ce Peau d’Ane de réouverture. Il fallait voir le public en sortir, heureux, la tête dans les étoiles, chantonnant à l’envie « Préparez votre/préparez votre pâte / dans une jatte/… ».
Jean-Luc Choplin, qui avait précédemment donné un grand coup de jeune au Châtelet, confirme, si besoin en était, qu’il est un immense directeur artistique.
Une phrase
« Lorsque Jean-Luc Choplin m’a parlé de son projet, il ignorait que je connaissais tous les films de Jacques Demy et que j’avais maintes fois visionné Peau d’âne. Cette proposition ne pouvait donc que me réjouir. Les ingrédients du succès sont là : la musique, très française de Michel Legrand, le charme particulier des mélodies qui restent en tête, le drôle de mélange des époques. Tout participe de l’Alchimie de Jacques Demy, où le merveilleux fait naturellement irruption dans le quotidien ». (Emilio Sagi, metteur en scène)
L'auteur
Ou plutôt, ici, le metteur en scène, Emilio Sagi:
Après avoir étudié la philosophie et la littérature à l’université de sa ville natale, Oviedo, Emilio Sagi, né le 25 septembre 1948 dans une famille de chanteurs, part à Londres pour se former à la musicologie. De retour à Oviedo, il fait ses débuts de metteur en scène en 1980 avec La Traviata de Verdi. Suit, deux ans plus tard, Don Pasquale de Donizetti. Sa carrière est lancée. Parallèlement à ses activités de metteur en scène, il va diriger des théâtres, pendant de longues années. D’abord, de 1990 à 1999, le Théâtre de la Zarzuela à Madrid, puis de 2001 à 2005, le Teatro Real (l’Opéra) de la même ville, puis encore, de 2008 à 2016, le Teatro Arriaga de Bilbao.
Depuis vingt ans, Emilio Sagi est l’un des metteurs en scène les plus sollicités du monde. Il faut dire que, partout où cet artiste intelligent et raffiné passe, il éblouit par l’éclectisme de ses compétences. Zarzuelas, opéras, comédies musicales… sa sphère d’intervention est large, et toujours couronnée de succès, que ce soit sur les scènes européennes, américaines ou asiatiques.
Aujourd’hui cet espagnol surdoué, qui avait enchanté Paris en 2006 avec un très kitch et chic Chanteur de Mexicon’est plus attaché à aucune Institution. Il a une dizaine de projets en cours.
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