Passim
Infos & réservation
Thème
« Ce n’est pas un spectacle. On ne peut même pas décrire ce qui se passe. Il n’y a rien à décrire » déclare le metteur en scène, François Tanguy. On l’aura compris , nous ne sommes pas dans le théâtre traditionnel, ni dans la paraphrase même contemporaine ou à la mode. Nous sommes dans le cérémonial scénique, la recherche du jeu, de l’émotion, du visuel, la plus vive originalité ... C’est indescriptible, inspiré, infiniment personnel et créatif. Tanguy et sa troupe du Théâtre du Radeau, basés au Mans, dont nous suivons le travail depuis trente ans, ont su se renouveler dans ce « Passim », tout en restant eux-mêmes et Ô combien.
« Passim », du latin « Partout », est sublimement visuel. Cette fois, Tanguy a introduit de longs extraits de grands textes qui se répondent ou se chahutent sur des thèmes éternels, l’amour, la mort, la vie... et sont signés Kleist, Shakespeare, Flaubert, Molière, Ovide, Cervantès….Dans les précédents spectacles, il y avait très peu de textes, plutôt des citations, des bouts de phrases.
Mais stop avec les textes car Tanguy ne veut pas qu’on les nomme « textes". Ne l’écoutons pas trop théoriser, savourons son génie théâtral car il en a et c’est rare de se montrer aussi inventif de formes et d’émotion pure.
Points forts
La création. La radicalité. L’absence d’ego banal. Le contraste entre l’abstrait et le concret. Nous redevenons des enfants. Tanguy nous apprend à jouer à faire du théâtre. L’on voudrait se réfugier au grenier , se vêtir de sublimes oripeaux et interpréter à l’infini un monde imaginaire où rire et pleurer seraient les seuls évènements.
La drôlerie. L’humour. Il y a un côté Jacques Tati dans les ratages contrôlés, les empoignades sans but, les effractions.
Le tout premier mot du spectacle l’annonce et le résume: « Regardez ». Et regardez en laissant les a priori au garage. De jeunes spectatrices avaient vu de « beaux clips ». L’une d’elle avait « même eu peur ». Ce sont les plus beaux compliments.
Regardez mais aussi écoutez car il y a à entendre. Les huit magnifiques comédiens sur scène seraient tous à citer. Le ton de leurs voix nous étreint et nous enchante. Barbes irrésistibles, grâce, charme, très beaux costumes de théâtre.
Quelques réserves
« Passim » est en soi une perfection. Mais que l’artiste le veuille ou non, c’est un spectacle et des plus magnifiques. Ce sont aussi des textes, respectons leurs auteurs…. Et c’est encore mieux lorsque nous reconnaissons leurs oeuvres. Tout le monde ne bénéficie pas du dossier de Presse où ils sont notés. N’y aurait-il pas un moyen de les identifier sur scène? Pardonnez ce plaisir facile…..
Encore un mot...
Faîtes, tant qu'il est encore temps, le voyage vers le Théâtre de la Commune à Gennevilliers, à 15mn de métro des Invalides par exemple. Puis parcours indiqué par des flèches rouges et blanches, signées Pol Buren, s’il vous plaît….. » Passim", cette machinerie baroque, hors normes, vous ravivera . C'est un pan de l’histoire du théâtre qui s’écrit aujourd’hui.
J’ai envie d’ajouter un gros mot qui sera peut-être mal pris : Tanguy, montez en entier " Le Roi Lear", Ovide ou Don Quichotte . De textes en textes…. qui sait?
Ajouter un commentaire