Passagères
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Thème
• Cette pièce reprend une création des années 1980, et nous plonge au coeur des purges staliniennes, sur un brise-glace soviétique dont les occupants sont des militaires, à l'exception de quelques cabines réservées aux civils.
• Dans la soute du navire oeuvre Anna, dont le mari a été déporté en Sibérie, et elle officie à bord en tant que femme de ménage. Son univers est réduit aux bas-fonds du navire. Embarque Katia, apprentie comédienne bien naïve, en route pour Moscou et, pense-t-elle, le succès. De leurs échanges va naître une complicité qui se transforme peu à peu en amitié. Mais qu'adviendra-t-il de cette entente ?
Points forts
• Indiscutablement, les deux comédiennes interprètent à merveille leur partition : la plus jeune arrive à bord avec toute son insouciance et sa fraîcheur, persuadée qu'elle est en route vers la gloire. Elle est confrontée à la plus âgée qui a perdu toute illusion, et fait preuve d'un pessimisme noir. L'opposition de ces deux caractères et leur évolution est très intéressante : l'une n'a plus d'avenir, l'autre ne voit que vers un futur plein de promesses.
• La mise en scène minimaliste rend bien l'état de misère et de soumission d’une femme de ménage craintive que tout effraie.
Quelques réserves
• On baigne dans toutes les nuances de gris : la scène est peu éclairée, la lumière vacillante quand il y en a... L'on est plongé dans la pénombre et à la limite du glauque tout au long du spectacle.
• La sonorisation laisse à désirer : lorsqu'Anna s'exprime en voix off, l'enregistrement est si mauvais que par moments, on ne comprend pas si elle parle en russe ou en français ! Certains mots sont inaudibles, ce qui nuit considérablement à la compréhension de la pièce ; la lecture des poèmes qu'Anna écrit en soute sont malheureusement peu intelligibles, ce qui est bien regrettable.
• Inversement, les brusques et bruyants claquements des couvercles de cantines ne semblent pas forcément utiles, surtout si l’on sait la brusquerie des militaires soviétiques de l'époque.
Encore un mot...
Le thème n'est pas gai, le déroulement du spectacle non plus. Quant au dénouement, il est encore plus triste, définitivement sans espoir.
L'ensemble, assez déroutant, eut gagné à être resserré dans le temps. On reste sur une impression de grisaille et d'infortune, sans aucune lueur d'éclaircie, ce qui ne nous apprend pas grand’chose que nous ne sachions déjà sur l’URSS au temps des grandes purges.
L'auteur
Daniel Besnehard (5.02.1954 à Bois-Colombes) est le frère jumeau de Dominique Besnehard, agent et producteur de cinéma renommé.
Chevalier des Arts et des Lettres, il a toujours baigné dans le milieu théâtral pour lequel il a écrit une quinzaine de pièces (entre autres "Les eaux grises", "À vif", "Libre-échange", "Clair d'usine"...). Lors de la création de "Passagères", le prix des Nouveaux talents lui a été décerné par la SACD.
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