Par la mer (quitte à être noyées)
Une mer partagée
De
Anaïs Allais Benbouali
Durée 1h30
Mise en scène
Anaïs Allais Benbouali
Avec
Louise Belmsa, Gaëlle Clérivet, Asmaa Samlali
Notre recommandation
5/5
Infos & réservation
Théâtre de la Colline
15 rue Malte Brun
750120
Paris
01 44 62 52 52
Du 23 mai au 18 juin 2023, du mercredi au samedi à 20 h, mardi à 19 h., dimanche à 16h.
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Thème
- Trois femmes, qui n’ont pas grand chose en commun, se rencontrent dans une maison de bord de mer, chacune pressée de poursuivre sa trajectoire de son côté. Mais la tempête souffle, tout semble se dérégler et les voici conduites à cohabiter quelques heures ou quelques jours, presque entièrement coupées du monde.
- Dans ce huis clos, que d’étranges créatures marines viennent visiter durant la nuit, mystères et tensions vont d’abord s’épaissir : chacune de ces femmes baignées de solitude tente de fuir quelque chose (un deuil, un emploi devenu insupportable, une famille patriarcale quittée clandestinement en traversant la Méditerranée), et aucune ne semble prête à exposer ses failles, ses vulnérabilités et ses raisons à ses compagnes de hasard.
- Toute tentative pour trouver un appui extérieur, en recourant aux désormais incontournables plates-formes d’assistance, se révèle une impasse : aucun hébergement d’urgence pour demandeur d’asile, aucun service d’assurance ne répond vraiment à leurs appels. Ce sont donc les petits gestes du quotidien qui leur permettent d’avancer.
- Peu à peu, la maison, encore tout imprégnée de l’âme généreuse et de la voix pleine de sagesse de l’ancienne propriétaire récemment décédée, devient beaucoup plus qu’un abri de fortune et se transforme en véritable refuge. C’est ainsi que ces trois femmes vont s’apprivoiser, apprendre à s’entraider et retrouver ensemble une toute simple mais merveilleuse vitalité.
Points forts
- En les confiant à trois personnages de femmes très différentes, incarnées chacune par des comédiennes admirables, la pièce parvient à relier avec subtilité les questions de l’exil, de la perte, de l’hospitalité et de la transmission.
- On aime beaucoup l’ode à l’élément aquatique : le ressac de la mer, les rumeurs de l’orage, l’eau qui déferle, baigne, s’infiltre, endort ou réveille les énergies des personnages.
- La pièce est tour à tour, et souvent tout à la fois, minimaliste et réaliste, poétique et fantastique (magnifiques passages nocturnes des créatures marines !).
Quelques réserves
Aucune.
Encore un mot...
Un bel et poétique hommage à la sororité qui, ici, ne triomphe pas d’emblée, mais se déploie petit à petit entre des femmes venues des deux rives de la Méditerranée.
Une phrase
- « J’avais 20 ans et j’ai quitté une vie que je ne voulais pas pour une vie que je ne connaissais pas. »
- « Je voyais toujours un quiproquo possible entre les constellations et moi. »
L'auteur
- Anaïs Allais Benbouali est passée par le Conservatoire de Nantes et l’Institut des Arts et Diffusion en Belgique. Elle est directrice artistique de la compagnie nantaise La Grange aux Belles. Pour cette pièce, elle indique qu’elle a « puisé dans sa biographie une matière à fiction. »
- Le texte de la pièce est publié par les Éditions Koïné.
Commentaires
Je confirme! Une pièce admirable et qui fait du bien.
Oui j'ai vu Par la mer, quitte à être noyées à Nantes. C'est très beau et très juste par le texte et le jeu des comédiennes, la mise en scène est très poétique, l'univers de l'eau, fuites dans la maison, je l' ai est ressenties comme nos propres fêlures, mais aussi la mer, comme un refuge; l'intra utérin, peut-être ?
Ce n'est pas banal et on aimerait voir plus souvent cette poésie là au théâtre portée par de très bonnes comédiennes.
Merci.
Très belle pièce très bien interprétéE. Le choix de raconter l'errance de ces 3 femmes sous forme d'un conte poétique nous attache à leur intimité profonde et nous replace dans un rituel humain oû c'est autant de l'être profond qu'il s'agit que de l'identité et de la liberté dans le monde du social. C'est tellement plus fort de parler des problèmes sociaux comme ça que de nous asséner des slogans militants au premier degré! Le merveilleux fantastique et le social mélangés, ça nous fait du bien. Ca rejoint les 2pop2es des auteurs d'Am2rique du sud loin de notre bon rationalisme! Bravo et merci.
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