Papa va bientôt rentrer
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Thème
En 1967 aux Etats-Unis, dans une petite ville du Maine, alors que leurs maris combattent au Vietnam, deux voisines très différentes se rapprochent au point de nouer une relation amicale. L’arrivée d’un déserteur venu se réfugier chez l’une d’elles, son ancienne petite amie, va bouleverser leur fragile équilibre.
Points forts
1- Le sujet choisi par Jean Franco est potentiellement très riche : le portrait de ces deux femmes aux personnalités si opposées ; la relation inattendue mais sincère qui se noue entre elles ; l’arrivée d’un ancien amour, pas complètement oublié, qui revient comme il est parti, sans crier gare ; le foyer d’un militaire au front qui devient le havre d’un fuyard ; le Vietnam, cette guerre idéologique, motif de tant de débats… Que de thèmes, que de matière dans cet argument !
2- Jean Franco a choisi de le traiter en comédie, sa spécialité. Son dialogue nerveux et inattendu fait mouche. Il a le sens de la chute (ses fins de tableaux sont toujours très réussies) et sait parsemer l’intrigue de rebondissements. On rit beaucoup.
3- Les deux personnages féminins sont attachants. Ils doivent beaucoup à leurs deux interprètes. Marie-Julie Baup donne à Mia une intelligence ironique, une lucidité tendre, et Lysiane Meis est une Susan épatante, nunuche au bon cœur, mais finalement pas si bête. Comme une souris cachée sous une armoire, le spectateur les observe et se délecte de leurs échanges dans cette cuisine plus vraie que nature. (Lorsque Mia concocte une omelette, une bonne odeur d’œufs frits se répand dans tout le théâtre…)
4- Pour sa mise en scène, José Paul a joué la carte judicieuse du réalisme fidèle, autant dans les costumes chatoyants de Juliette Chanaud que dans le bon décor d’Edouard Laug. Il a choisi d’animer et de dynamiser les échanges, de ne pas laisser ces deux femmes deviser, assises sur leurs chaises de cuisine. Elles bougent, elles s’affairent, et l’arrivée du militaire accélère le mouvement. La vie est là, sur le plateau.
Quelques réserves
1- Le sujet recèle tellement de force qu’on en vient à regretter qu’il ait été traité en comédie vaudevillesque. Les situations, les personnages et leur pâte humaine avaient la densité nécessaire pour une vraie comédie de mœurs en demi-teinte.
2- Dans la pièce, les autorités américaines font parvenir à toutes les femmes de militaires une photo de leurs maris, grandeur nature, collée sur une plaque de carton et détourée. L’anecdote de ces « papas plats » est vraie, explique Jean Franco, mais elle s’est déroulée plus tard, durant la guerre en Afghanistan ; c’est elle qui a déclenché son envie d’écrire la pièce. Ce petit anachronisme n’est pas grave, mais tellement d’absurdités ont été commises durant cette guerre du Vietnam qu’il n’est peut-être pas utile d’en rajouter une fausse...
Encore un mot...
Une fantaisie menée habilement, avec efficacité. Une interprétation irrésistible et nuancée. Mais le sujet, très bon, méritait peut-être un traitement moins cocasse.
Une phrase
Susan à propos de son frère : « Il a un nouveau travail, il trie des crevettes, et il a une nouvelle amie, une chanteuse de country qui jongle avec des hamsters ! »
L'auteur
Originaire de Villeneuve-Loubet, sur la Côte d’Azur, Jean Franco fait le Conservatoire d’art dramatique d’Antibes, avant de suivre l’Atelier Julien Bertheau. Comédien, il joue dans « Les Bras m’en tombent », « Le Technicien » au Palais-Royal, « Le Dindon » dans la mise en scène de Thomas Le Douarec… Pour le théâtre il écrit seul ou en duo, le plus souvent avec son ami Guillaume Mélanie (« Panique au ministère » et « La Candidate » avec Amanda Lear, « Pour combien tu m’aimes ? », « Jamais 2 sans 3 »…) Actuellement ils sont réunis sur la scène du Palais des Glaces où ils jouent leur nouvelle pièce « Libres ! ou presque… »
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