Palace sur scène

Avec panache !
De
Jean-Michel Ribes, Roland Topor, Georges Wolinski, Gébé, Jean-Marie Gourio, François Rollin, Willem et Trotignon
Jean-Marie Gourio et Jean-Michel Ribes
Mise en scène
Jean-Michel Ribes
Avec
Salim Bagayoko, Joséphine de Meaux, Salomé Dienis-Meulien, Mikaël Halimi, Magali Lange, Jocelyne Laurent, Philieppe Magnan, Karina Marimon, Gwendal Marimoutou, Coline Omasson, Thibaut Orsoni, Simon Parmentier, Christian Pereira, Alexie Ribes, Rodophe Sand
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de Paris
15 rue Blanche
75009
Paris
01 48 74 25 37
Du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 15h30, jusqu’au 30 octobre 2019

Thème

Adaptation scénique de l’émission de divertissement créée en 1988 par Jean-Michel Ribes, Roland Topor, Georges Wolinski, et leurs acolytes, ce spectacle a pour cadre un Grand hôtel dont les clients rivalisent de bêtise, de vanité candide, d’ignorance et professent un mépris de classe serein.  Des saynètes se succèdent sans vraie continuité, dans lesquelles on planifie ses partouzes (avec groom bien entendu), où l’on geint à propos de l’angoisse d’être riche et où le plus gros malheur est d’avoir les fesses qui tombent.

L’hôtel est un lieu surréaliste : on peut, moyennant finance, y commander ses rêves, ses activités de plein air en chambre (surf, chasse, etc), les escaliers y restent coincés comme les ascenseurs du monde réel, les séances de savoir-vivre permettent d’apprendre à se curer le nez ou à vomir « avec panache » et les œufs brouillés sont y servis réconciliés.

Des scènes récurrentes font le lien entre ces différents tableaux. Ainsi une cliente exige à plusieurs reprises de parler au directeur pour se plaindre, mais se laisse amadouer par des arguments absurdes et/ou scabreux et se jure pour conclure qu’un jour elle « l’aura ! ».

Points forts

Palace n’a rien perdu de son irrévérence et de son intelligence subversive en montant sur scène après trois décennies.

Les situations cocasses et les dialogues souvent très drôles et percutants servent une satire sociale sans moralisme qui renvoie le spectateur à ses faiblesses et ses contradictions (cette merguez qu’on donne à manger « à ceux qui ont faim » a provoqué des rires vaguement coupables).

Quelques réserves

Bien sûr l’ensemble est un peu inégal : il y a quelques ruptures de rythme, quelques faiblesses ici et là, des moments qui font moins rire et qui tiennent surtout d’ailleurs au texte.

Les chorégraphies, pleines d’énergie ne sont néanmoins pas toujours très convaincantes : on peut ne pas savourer l’esthétique un peu approximative de ces moments de danse et de chant qui semblaient beaucoup plus alertes et réussis à la télé, bénéficiant du dynamisme des plans de coupe et des champs contre champs.

Encore un mot...

Palace, c’est Hara Kiri sur scène mâtiné de Broadway. Un vrai show à l’américaine, coloré, festif, impertinent, provocateur et transgressif dans lequel on retrouvera les scènes cultes de l’émission, au mot près. Le plaisir des yeux mêlé au plaisir de l’esprit car on voudrait retenir la plupart des répliques de ce théâtre de l’absurde tant elles tapent juste. On en sort réjoui et assez content d’avoir été secoués, non parce qu’on est riche mais parce qu’on partage avec ces pitres un certain nombre de ridicules et de préjugés dont on n’est pas vraiment fiers.

Une phrase

La campagne c’est bien, quand on sort on est dehors.

Quelle importance que les poulets soient élevés en plein air : on ne mange pas les poumons.

La vérité nue au pôle Nord, elle tient pas longtemps.

L'auteur

Jean-Michel Ribes, homme orchestre du spectacle vivant et de la télévision a tout fait et sait tout faire. Acteur, metteur en scène, réalisateur et scénariste il dirige le théâtre du Rond Point depuis 2001, qui est devenu sous sa houlette un haut lieu de la création contemporaine et d’expérimentations plus ou moins heureuses mais qui toujours font souffler sur le théâtre le vent léger de de l’audace et de la résistance. Rien d’étonnant donc à ce qu’il se soit lancé dans l’aventure de la télévision avec Palace.

Inspirée de l'émission italienne Grand Hotel, la série fut inaugurée par Canal + puis reprise sur Antenne 2. Elle a été continuellement rediffusée par différentes chaînes de télévision depuis. Et le texte a été publié chez Actes Sud en 1999. C’est dire son succès, certaines scènes récurrentes ayant même servi de thème à des campagnes publicitaires.

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