Orphelins
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Thème
Helen et Dany sont en train de dîner dans leur appartement « excentré » de Londres lorsque surgit Liam, le frère d’Helen, couvert de sang. Liam est agité et faussement décontracté, il parle par bribes, les mots se bousculent mais les phrases restent inachevées… Bref, on comprend qu’il a tenté « d’aider » un « gosse » qu’il a trouvé blessé dans la rue. Les questions fusent de la part de sa sœur et de son beau-frère « installés dans la vie ». Peu à peu, la vérité se dévoile, une vérité horrifiante qui laisse Helen et Dany devant un dilemme : faut-il anéantir les valeurs familiales et celles de sa conscience - Helen et Liam, orphelins, ont une relation fusionnelle; Helen attend un enfant à la grande joie de Dany; Liam s’adresse à eux en répétant sans cesse à quel point il les aime - ou faut-il, pour préserver lesdites valeurs, se rendre complices du Mal ?
Voilà un texte essentiel sur les ressorts de la banalité du Mal et la fragilité des rapports humains lorsqu’il s’agit de mettre en accord nos convictions, nos paroles et nos actes. Et il dépasse ce cadre en abordant les thèmes du regard sur l’autre, du racisme et de la violence qui nous habite, prête à exploser….
Points forts
Dennis Kelly a capté un langage contemporain très vif, incisif, mais banal en même temps. C’est ainsi que parlent les « jeunes », de manière hachée, entrecoupée, sans se soucier de finir les phrases. Le public participe à ces échanges au cours desquels les non-dits sont toujours en filigrane, derrière ce qui est exprimé. La traduction de Philippe Le Moine est irréprochable.
- Joséphine de Meaux, dans le rôle d’Helen, est très convaincante : on la prend en pitié, on la comprend, on la méprise, on la déteste, elle nous mène en bateau !
- Avec l’excellente mise en scène de Chloé Dabert (qui a déjà travaillé avec Dennis Kelly sur sa pièce A.D.N.), ce spectacle est lauréat du festival de théâtre Impatience 2014. Sur la scène du 104, une structure en bois évoquait l’appartement d’Helen et Dany. Les spectateurs avaient une vue plongeante sur cette unité où ces trois personnages font participer le public à une tragédie quasi-antique devant laquelle il est impuissant et donc complice...
Quelques réserves
Beaucoup de répétitions, quelques longueurs et, même si c’est ainsi que s’expriment les « jeunes », nettement trop de « putain », « mais putain », « putain de ». On est décidément dans la banalité !
Encore un mot...
Un thriller psychologique au théâtre, c’est rare… Même si on subodore le dénouement, on est tenu en haleine jusqu’à la fin !
L'auteur
Le dramaturge britannique Dennis Kelly, né en 1970, a commencé à écrire pour le théâtre à l’âge de 20 ans.
Conjuguant le caractère provocateur du théâtre britannique in-yer-face (né dans les années 90) et l’expérimentation de styles dramatiques très divers, ses textes abordent les thèmes contemporains les plus aigus.
C’est surtout au Royaume-Uni que son théâtre est joué, mais certaines de ses pièces sont traduites et jouées en Allemagne et en France, comme Débris, A.D.N. ou Occupe-toi du bébé. Dernièrement il a signé le livret de Matilda, A Musical d’après Roald Dahl et achevé un premier scénario pour le cinéma, Blackout.
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