Opéraporno
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Thème
Ce devait être un week-end à la campagne, quelque part dans le marais poitevin. En famille. Un homme dans la quarantaine et Clothilde, sa jeune compagne du moment, Victor, son fils (post-ado), et sa mère, dite « la Vieille », qu’on a oubliée dans la voiture.
Ce devait être une fête champêtre, un week-end ordinaire avec étang, vieille barque, cabanon et ponton. Mais vite, ça va dégénérer. Ça commence par un canotage torride avec le jeune homme et sa belle-mère. Ça enchaîne encor plus vite avec des tromperies, du sexe à gogo et aussi des orgies enchantées. On bouscule les tabous, entre opéra et comique. Il y a, dans l’air, du porno soft- et l’auteur, dans une note d’intention, a prévenu : « La seule clé de notre salut est l’humour. Le rire seul nous sauvera du véritable outrage. Il ne s’agit pourtant pas de prendre tout cela à la légère ». Ça va jongler entre sous-entendus, propos et situations grivois. Ça va chanter aussi; attention, les oreilles chastes, restez fermées, même si, dans l’air, flotte une sensation de langueur qu’on pourrait trouver et entendre chez Debussy ou encore Eric Satie… alors que les quatre personnages se mettent à chanter, en chœur, en mode opératique : « On ne fiste pas son fils, son petit-fils (…) on n’éjacule pas dans grand-mère ». Chers ami(e)s de la poésie, bienvenue au club !
Points forts
- L’art du mauvais goût, poussé à son extrême par Pierre Guillois pour l’écriture du texte et la mise en scène, et Nicolas Ducloux pour la musique.
- Quand l’opérette rencontre le porno (soft, on ne le précisera jamais assez), c’est follement pétillant… à la condition impérative de tout considérer au troisième degré, voire au quatrième et même plus !
- Pas une once de morale dans cet « Opéraporno », seulement une ode au salace et au grivois.
- La formidable performance de Jean-Paul Muel, tout simplement étourdissant dans le rôle et les habits de la grand-mère, dite « La Vieille ».
Quelques réserves
- L’auteur revendique l’humour pour décaper l’opérette. Malheureusement, à certains moments, l’art du trash paraît lui échapper; on frise alors non plus l’humour et le rire féroce mais le rire gras, presque la vulgarité.
- La pièce démarre très fort, si fort que vite, c’est dommage, il y a quelques baisses de rythme, quelques passages à vide…
Encore un mot...
Partant du principe que, dépassé les bornes, il n’y a plus de limites, on a là une pièce qui bouscule allègrement les tabous. C’est follement décomplexé mais sur la longueur ça ne tient pas nécessairement les promesses !
Une phrase
Ou plutôt deux, très significatifs...:
1/ La Vieille : « Il m’a violée ni plus ni moins.
Le Père : Quand ça ?
La Vieille : Hier soir.
Le Père : Mais quel rapport avec Clothilde ?
La Vieille : C’est tout ce que ça te fait ?
Le Père : Quel rapport avec Clothilde ?
La Vieille : Il m’a baisée mais il croyait que c’était Clothilde.
Le père : Mais comment c’est possible ?
La Vieille : C’est tout ce que ça te fait ?
Le Père : Comment Victor a pu te confondre une seconde avec Clothilde ?
La Vieille : Tu sais, dans le noir, j’ai de beaux restes ».
2/ Clothilde : « Ça ne te suffit donc pas mon petit doigt ?
Le Père : Heu… si…
Clothilde : Je ne te la malaxe pas assez ta prostate ?
Le Père : Si… si… mais
Clothilde : Alors pourquoi cet achat stupide et onéreux ?
Le Père : Je l’ai pas acheté
Clothilde : C’est une location peut-être ?
Le Père : Non… Enfin…
Clothilde : D’où il vient ce gode ?
Le Père : Je l’ai emprunté à Maman ».
Je vous le disais...
L'auteur
Né le 1er janvier 1968 à Rennes (Ille-et-Vilaine), Pierre Guillois est acteur, auteur et metteur en scène. En 1991, il fonde sa première compagnie, Les Madeleines, puis travaille un temps comme assistant à la mise en scène avec Jean-Michel Ribes.
Après un passage à Colmar comme artiste associé à l’Atelier du Rhin, centre dramatique régional d’Alsace, il sera directeur du Théâtre du Peuple de Bussang (Vosges) de 2005 à 2011, période durant laquelle il se lance dans l’écriture avec, entre autres, « Sacrifices » (2008) et « Le gros la vache et le mainate » (2011). Suivra « Opéraporno ». Et pour cet été 2018, est annoncé en création à Anvers (Belgique) le spectacle sous chapiteau de la Compagnie de cirque Akoreacro.
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