Oncle Vania
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Thème
La pièce se déroule à la campagne, dans la propriété de Sonia, fille du professeur Sérébriakov et nièce de Vania. L'arrivée de Sérébriakov et de sa jeune épouse, Elena, va bouleverser leur quotidien. A la fin de la pièce, une dispute éclate entre Vania et Sérébriakov qui veut vendre le domaine.
Pourtant, l’histoire débute joyeusement. Au son de « Bye Bye happiness, hello loneliness, hello emptiness », Adieu bonheur, bonjour solitude, des Everly Brothers, les protagonistes arrivent chez la gentille Ioulia pour un anniversaire. Dans l’amitié partagée, on chante, on rit, on danse, les bouchons de champagne sautent. Mais la fête sera de courte durée. De retour chez Vania, au fil des scènes, la pièce dépeint un microcosme familial étouffant, les conflits d’une bourgeoisie en train de sombrer, où les protagonistes se heurtent et se meurtrissent pour des « histoires d’amour sans espoir, des histoires d’amitié sans pitié », comme dit le metteur en scène.
Points forts
1 En injectant dans son Oncle Vania des extraits de L’Homme des bois, Lascarade livre une pièce qui retentit parfois d’accents burlesques, sans doute pour mieux nous faire entendre l’univers terrible et déchirant de Tchekhov. On rit, on s’émeut, on est pris par ce goût très russe de la fête, arrosé de vodka, plein de musique et de chants, excessif et nostalgique.
2 Une troupe à la hauteur :
- Jérôme Bidaux en Astrov amer et ironique, le médecin qui n’aime personne et ne vit que pour ses forêts ;
- Millaray Lobos Garcia en Sonia poétique et fragile, amoureuse sans retour du médecin ;
- Ambre Kahan en Elena charnelle et forte, jeune épouse du professeur ;
Jean-Baptiste Malartre en Sérébriakov, intellectuel vieillissant, hypocondriaque et égoïste ;
- Alain d’Haeyer en Vania pathétique et tourmenté, mais néanmoins attiré par sa jeune belle-sœur...
3 Le décor et la scénographie :
La balançoire imaginée par Tchekhov pour le début de la pièce est devenue un étonnant table-pont suspendu qui occupe toute la largeur de la scène, sorte de comptoir où sont alignées les coupes de champagne et sur lequel une comédienne monte, telle une équilibriste, pour lancer quelque déclaration aux convives. Les panneaux gris du fond, déplacés par les comédiens, s’agencent selon les scènes, pour finalement se refermer sur le huis clos familial. Autres trouvailles scéniques : le concours de verres de vodka lancés sur la table inclinée, la projection de diapositives par Astrov pour expliquer à Elena les désastres de la déforestation.
4 Une mention spéciale aux lumières :
L’espace d’un court moment, la scène et la salle sont enveloppés dans un même halo de lumières dessinant, sur les décors et sur les murs et plafond, comme une vaste et sombre forêt, en écho aux préoccupations écologistes d’Astrov. Magique.
5 Sans oublier les très beaux déplacements en groupe ou en duos, réglés comme un ballet, ni la musique ni les chansons, interprétées en russe par les comédiens
Quelques réserves
Les sièges et l’espace réservé aux jambes sont bien étroits pour les plus de 1m60 et 60 kilos, surtout quand le spectacle dure 2h45 sans entracte...
Encore un mot...
C’est bien la comédie humaine telle que la voit Tchekhov que restitue cette nouvelle production, avec ses tourments, ses désillusions, en même temps que son aspiration à un certain bonheur. Car ce « chantre de la désespérance » était aussi un amoureux de la vie, qui écrivait dans une lettre à un ami en 1888 : « Mon saint des saints, c’est le corps humain, la santé, l’intelligence, le talent, l’inspiration, l’amour et la liberté la plus absolue. » Comment résister à un tel appel ?!
L'auteur
Anton Tchekhov avait écrit une première version d’Oncle Vania, une comédie intitulée L’Homme des bois, en 1889, dix ans avant la version définitive, et qui n'avait pas rencontré le succès. Pour la première fois, ces deux textes ont été réunis en un seul par Eric Lacascade.
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