Noces
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Thème
NOCES est un ensemble de 4 textes écrits par Albert Camus en 1936/38, à l'âge de 26 ans ; autant de textes, autant de thèmes mais avec, toujours présentes et en commun, les idées force qui vont nourrir toute son œuvre de manière quasi obsessionnelle : la solitude, l'absurdité de la destinée humaine, la conquête - et pas seulement la quête- éperdue du bonheur avec, en filigrane, les supports de l'extase que sont pour lui le soleil, la mer, sa révolte permanente pour libérer l'homme de ses contraintes et des barrières morales qui l'étouffent.
Au départ de la philosophie de Camus il y a bien NOCES et ses 4 voyages initiatiques:
- Noces à Tipasa. Albert Camus célèbre le soleil bienfaisant, la nature bienveillante et émouvante, le monde merveilleux de la vie, la sensualité de chaque pierre, de chaque fleur. Camus, dans ce petit port algérien qui a bercé son enfance, chante sa joie de vivre dans un hymne au ciel , à la terre, à la mer.
- Le Vent à Djemila. Au milieu des ruines romaines, dans cette contrée désertique de son pays d'origine, Camus, à la fois exalté et accablé par le silence des ruines mortes, médite sur la vie, la maladie, le destin fatal qui attend tout homme et toute civilisation. Le soleil est toujours là mais brûlant et le vent se lève, mordant. Dans un chant désespéré, l'homme prend peu à peu conscience qu'il n'y a rien à attendre de son présent.
- L'été à Alger. Dans une bouffée d'optimisme retrouvé, Camus décrit la vie des habitants d'Alger la blanche. L'homme sous le soleil est heureux même dans la pauvreté. L'auteur du mythe de Sisyphe se réjouit: le peuple qu'il observe veut profiter du présent et refuser l'espoir d'une autre vie dans l'au delà.
- Dans une autre séquence, le Désert, Camus, en retraçant son voyage à Florence, reprend les accents d'un bonheur retrouvé à l'évocation de la beauté des paysages et des œuvres d'art qu'il découvre et de ce constat : "Le bonheur, c'est simplement l'accord entre un être et l'existence qu'il mène".
Points forts
- La beauté du verbe, l'élégance du phrasé, l'accessibilité de la pensée qui confère à ses conclusions une sorte d'évidence.
- L'actualité, la pérennité des réflexions philosophiques qui seront reprises dans des ouvrages contemporains.
- Le non-jeu de l'acteur, Michel Voïta, qui exprime dans une élégante nonchalance et un calme olympien, sans affectation aucune, un humanisme fondamental, en nous invitant sobrement à partager les réflexions de l'auteur. Camus, lui-même, est en scène !
Quelques réserves
Certains pourront être déroutés par le dépouillement, voire le dénuement du décor ; mais il s'agit bien là d'un récit, d'une réflexion à haute voix, très éloignés d'une mise en scène théâtrale, bien que l'absence d'effets ne signifie pas manque de relief. Malgré cette monotonie apparente, on ne s'ennuie jamais pendant ce monologue d'un peu plus d'une heure.
Encore un mot...
En écho à Jean Paul Sartre, éternel rival, voire opposant virulent, la recherche vitale du bonheur exige un retour aux sources, existentiel. C'est en puisant dans ses racines que l'homme sera heureux et c'est en se révoltant contre l'absurdité du monde que l'on trouvera un sens à la vie. Tel est le credo d'Albert Camus qui appelle à une jouissance sans entraves. Luc Ferry et Michel Onfray, notamment, lui emboîteront la plume 60 ans plus tard.
Une phrase
- "Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres..."
- "Il n'y a pas de honte à être heureux ; j'appelle imbécile celui qui a peur de jouir"
L'auteur
Ecrivain, dramaturge, essayiste, journaliste, philosophe français, Albert Camus est né en Algérie en novembre 1913, et mort dans l'Yonne en janvier 1960, dans un accident de voiture. Il est l'auteur, parmi d'autres œuvres majeures, de L'Etranger, la Peste, Le Mythe de Sisyphe, La Chute, Caligula, Les Justes... NOCES est son deuxième écrit.
Albert Camus se vit décerner le prix Nobel de littérature en 1957.
Commentaires
C’est toujours vivifiant en lisant ces mots d’amour pour Tipaza.
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