N’écoutez pas mesdames
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Thème
Daniel Bachelet (Michel Sardou) découvre que sa femme n’est pas rentrée de la nuit, et ce pour la deuxième fois. Pensant qu’elle a une liaison avec un autre homme, il envisage de divorcer et lui demande de quitter le domicile.
Aussitôt, sa première épouse, Valentine, débarque dans l’espoir de le reconquérir. Dans le même temps, une ancienne maîtresse (Nicole Croisille) refait surface, avec d’autres ambitions.
Points forts
- « N’écoutez pas mesdames » propose un texte léger qui parle des femmes et de leurs relations avec les hommes. Derrière l’apparente légèreté de situations aux retournements multiples, Guitry manie en orfèvre l’art de dire des choses essentielles sous couvert de bons mots, et nous livre ce qu’il a appris des femmes au fil des ans (ayant créé la pièce à 57 ans bien sonnés).
- Michel Sardou fait du Sardou : il ne cherche pas à singer le jeu si personnel de Guitry qui fut le premier interprète du rôle masculin, ni à jouer autrement qu’il sait le faire : simplement, avec une économie de moyens et une franchise empreinte d’ironie et de mauvaise foi, il traîne sa carcasse de crooner désabusé et fataliste. Et pour le reste, il y a sa voix, timbrée, chaude et profonde.
- Le reste de la distribution, Nicole Croisille en tête, est magnifique. Je n’en suis toujours pas revenu de voir l’ancienne danseuse de ballets de la Comédie française lever la jambe à la hauteur de sa tête à 82 ans (même s’il n’est pas très galant de révéler son âge). Autour d’elle, les femmes ont un abattage extraordinaire et jouent avec grâce et ferveur.
Quelques réserves
Certes, Michel Sardou est un homme de scène, mais plus à sa place au music-hall qu’au théâtre : il joue en roue libre et n’a pas la rouerie cruelle et la faconde faussement débonnaire de Guitry. Même s’il occupe le haut de l’affiche, ce sont surtout les autres comédiens – et encore plus les comédiennes – qui portent la pièce.
Encore un mot...
« N’écoutez pas Mesdames » nous montre un homme confronté et vite dépassé par l’irruption d’une génération de femmes qu’il ne comprend pas parce que trop libres, et/ou trop intellectuelles.
Misogyne jusqu’au bout, en dépit d’un féminisme apparent, il subit la situation plus qu’il ne la maîtrise. C’est un constat désabusé sur le temps qui passe : il le voit, en souffre, le comprend, et l’accepte.
Une phrase
« Dames, songez que leur amour pour nous peut être simulé de la première à la dernière seconde car - n'écoutez pas, Mesdames! - observez, Messieurs, qu'elles peuvent faire semblant - nous, pas - et c'est très important! »
L'auteur
Sacha Guitry est l’immense auteur de 124 pièces sur cinq décennies, dont il fut pour la plupart, l’interprète principal, et qui connurent le plus souvent un grand succès. « N’écoutez pas Mesdames » a été créée au théâtre de la Madeleine en 1942.
Par son élégante désinvolture et sa dimension inclassable, il apparaît aujourd’hui comme l’un des auteurs dramatiques incontournables de son époque.
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