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De la poésie, encore de la poésie, rien que de la poésie : il n’y a d’autre parti que celui-là dans le beau spectacle que donne Laurent Perreaux chaque lundi jusqu’à fin mars aux Déchargeurs. Voici donc, sur à peu près 80 minutes, une quarantaine de poèmes dits sur scène : Apollinaire, Aragon, Ben Jelloun, Eluard, Ronsard, Verlaine, entre autres, et… Perreaux qui, non content de réciter ceux des autres, écrit aussi des vers pas mal tournés.
Points forts
Quarante poèmes d’affilée, me direz-vous, ce ne serait pas un peu barbant à la longue ? Non, car Perreaux commente. Il replace le texte dans l’époque, rappelle les circonstances et l’humeur qui ont mené le poète à l’écrire, interroge les spectateurs (ce soir-là, le niveau de culture était plutôt élevé dans la salle, comme quoi rien n’est perdu...), donne une anecdote par-ci, son opinion par-là… Une sorte de cours décontracté sur la poésie, en somme.
La salle est petite, le décor spartiate, l’acteur seul sur scène, évidemment, et le premier rang de sièges quasiment sous son nez. Tout ça a un côté intime qui facilite l’immersion dans la musique des mots. Car attention, il faut faire un effort, ne pas perdre le fil ; ça ne s’écoute pas comme une pièce de boulevard ! Laurent Perreaux aime cette remarque de Paul Valéry : la poésie ? « Une hésitation prolongée entre le son et le sens ».
Quelques réserves
Je n’en vois pas. Le cerveau du récitant semble absolument prémuni contre les trous de mémoire et troubles de la diction qui sont autant d’écueils dans cet art périlleux… Une performance.
Encore un mot...
L’éclectisme dans le choix des textes – avec une forte proportion d’auteurs du siècle dernier – fait que chacun trouvera son bonheur.
J’ai craqué pour ces vers du Portrait en trois tableaux d’Eluard : « Si tes mains sont pour toi tes seins sont pour les autres / Comme ta bouche où tout revient prendre du goût… ». Et aussi pour cet Amour piqué par une abeille de Ronsard – « Le petit enfant Amour / Cueillait des fleurs à l’entour / D’une ruche, où les avettes / Font leurs petites logettes… » –, une ode pétillante dont je n’avais jamais lu le moindre quatrain, découverte délicieuse.
Une phrase
« Dire la poésie est un plaisir mental et physique. » (Laurent Perreaux).
L'auteur
Le parcours de Perreaux est pour le moins original : ingénieur, diplômé de Centrale Paris (ce qui n’est pas rien), il décide, après dix années passées dans le monde très sérieux des grandes entreprises, de tomber en poésie ! Il a organisé depuis des conférences littéraires dans les dites entreprises et donne des récitals de poèmes. Il se produit régulièrement au théâtre depuis quelques années et depuis 2016 aux Déchargeurs.
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