MORT PRÉMATURÉE D’UN CHANTEUR POPULAIRE DANS LA FORCE DE L’ AGE
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Thème
Le rideau se lève sur une scène de concert au moment où il se termine et le chanteur (Arthur H) en sort sous les applaudissements. Ses parents, qui étaient des fans d’Alice Sapritch, l’ont appelé Alice. Il n’a pas voulu changer de prénom. Alice, donc, est une star d’une cinquantaine d’années. Sous l’or de son costume de scène, son allure d’ado et sa vitalité fanfaronne, il est fatigué : il ne se retrouve plus dans ce monde qui a tant changé. Face aux violences de l’actualité, aux bouleversements dus aux nouvelles technologies, au pouvoir grandissant du dieu « fric », au vieillissement de son public, à son incapacité d’en conquérir un nouveau, il perd pied. Pour relancer sa carrière, il accepte de suivre les conseils de son ancien manager qui lui suggère de se faire passer pour mort et d’organiser ses propres funérailles.
Mais, au cours d’une scène aussi burlesque que triste (surprise, surprise), son stratagème foire… Il va devoir affronter le ridicule et le déshonneur de la situation, et aussi repartir de zéro ou presque. Après une longue période de dépression, dont il sortira avec l’aide des quelques amis restés fidèles, il se remettra debout pour retrouver une place conforme à ce qu’il est devenu. Une fan venue du Québec va lui servir d’ange-gardien, et le réconcilier avec le monde…
Points forts
- Comment ne pas être passionné par cette fantaisie en forme de tragi-comédie (ou l’inverse) qui, au delà du portrait d’un chanteur presque has been, dénonce, souvent avec drôlerie, les ravages du profit et de l’argent roi, l’abandon des idéaux, l’individualisme, la superficialité, la perte du politique, etc. C’est une pièce de théâtre portée par le verbe souvent éblouissant du dramaturge Wouawad, mais aussi par la musique d’un artiste aussi talentueux que malicieux, Arthur H.
- Non seulement ce dernier a composé les musiques et chansons du spectacle main dans la main avec l’auteur de la pièce, mais il est sur scène, pour la première fois pour faire l’acteur, un acteur, qui joue un chanteur anéanti par les changements et le temps qui passe. Il est magnifique de douleur, de narcissisme, de colère, de dérision et, à la fin, de tendresse.
- Les comédiens qui partagent avec lui le plateau sont tous aussi mieux que bien, à commencer par Sara Llorca qui joue sa fiancée et surtout Marie-Josée Bastien, époustouflante de drôlerie d’humanité et de compassion en fan venue du Québec pour le soutenir.
- Très astucieuse, très précise, la mise en scène épouse les ondoiements du texte, soutenue par une scénographie à la fois sobre et efficace. Il pleut beaucoup sur le plateau, la pluie, métaphore tour à tour, du chagrin, de la dévastation, du froid et de l’isolement.
Quelques réserves
Comme souvent avec Wajdi Mouawad, le spectacle est un peu trop long, Entracte compris, il dure 3h40. Allégé d’une bonne quinzaine de minutes surtout vers la fin (trop larmoyante et trop politiquement correcte) il aurait gagné en force.
Encore un mot...
Chic ! le grand Wajdi Mouawad est de retour. Celui d’Incendies et de Tous des Oiseaux, celui qui a le souffle du poète, l’œil du sociologue, la foi du pacificateur et l’humour du désespéré. Mort prématurée… n’est peut-être pas le texte le plus lyrique de ce grand dramaturge, mais c’est un de ses plus modernes, un de ses plus existentialistes. Il nous propose le portrait d’un artiste, mais c’est un miroir qu’il tend à tous les déboussolés de la terre. C’est à la fois poignant, consolateur et jubilatoire.
Une phrase
Qui seront deux…
« Il arrive toujours un moment ou un autre où l’on se dit qu’il vaudrait mieux disparaître pour ne plus encombrer l’espace. Je crois qu’un artiste recherche de toutes ses forces le geste qui sera pour lui le suicide artistique ». (Wajdi Mouawad, dramaturge)
« Artistiquement, personnellement, on a besoin de mourir un peu soi-même pour faire de la place. La mort, pour moi, est toujours un nouveau départ, même si c’est, éventuellement pour son âme, ou seulement pour les autres (ceux qui restent) ». (Arthur H, chanteur-compositeur-interprète).
Qui seront deux…
« Il arrive toujours un moment ou un autre où l’on se dit qu’il vaudrait mieux disparaître pour ne plus encombrer l’espace. Je crois qu’un artiste recherche de toutes ses forces le geste qui sera pour lui le suicide artistique ». (Wajdi Mouawad, dramaturge)
« Artistiquement, personnellement, on a besoin de mourir un peu soi-même pour faire de la place. La mort, pour moi, est toujours un nouveau départ, même si c’est, éventuellement pour son âme, ou seulement pour les autres (ceux qui restent) ». (Arthur H, chanteur-compositeur-interprète).
L'auteur
Metteur en scène, auteur, comédien, directeur artistique, plasticien, cinéaste, et, depuis avril 2016, « patron » du théâtre de la Colline, Wajdi Mouawad, est sans doute aujourd’hui l’une des plus importantes « voix » du théâtre dans le monde.
Né le 16 octobre 1968 au Liban, Wajdi Mouawad a sept ans quand, pour cause de guerre civile , sa famille quitte ce pays, pour aller s’installer d’abord en France, puis, en 1983, à Montréal, où, dès son adolescence, il suit une formation d’acteur. En 1990 il intègre la compagnie Théâtre Ô parleur. Il y signe de nombreuses mises en scènes, la codirige et y monte ses premières pièces dont « Littoral » et « Incendies », qui deviendront les premiers volets d’une tétralogie intitulée « Le Sang des Promesses ». En 2000, il est nommé à la direction du « Théâtre de Quat’ Sous », qu’il quitte en 2005 pour fonder des compagnies de créations.
L’écho de ses nombreux succès Outre-Atlantique parvient en France, où de nombreux centres dramatiques (dont le TNS) et festivals (parmi lesquels celui d’Avignon) l’invitent à monter ses pièces. En 2009, le jeune dramaturge reçoit le Grand prix du théâtre de l’Académie Française pour l’ensemble de son œuvre dramatique, traduite désormais en vingt langues. En 2010, sa pièce Incendies fait l’objet d’une adaptation cinématographique qui se solde par un beau succès critique. En 2016, il est nommé à la direction du Théâtre National de la Colline. Il y présente Les larmes d’Œdipe , une adaptation très personnelle d’ Œdipe à Colone , la pièce de Sophocle. En 2017, Tous des oiseaux époustoufle par son souffle et la force de son propos.
Bien que son propos en soit très différent, Mort prématurée d’un chanteur populaire… est de la même veine poétique.
Commentaires
Spectacle vraiment très mal joué, vulgaire, grossier. Nous sommes partis à l'entracte après une première partie déjà trop longue. Même Arthur H que j'aime beaucoup joue très mal
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