Monsieur Motobécane
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Thème
• Monsieur Motobécane est en prison, dans une cellule de 3 mètres sur 3. Il y purge une peine pour le rapt d’une petite fille, alors que c’est elle qui est venue spontanément chez lui pour fuir une mère qui la maltraite. Adaptant un roman racontant un fait divers – également adapté au cinéma par Jacques Doillon (La drôlesse) Bernard Crombey réécrit l’histoire de Victor, personnage candide et modeste.
• Cet homme timide, luttant quotidiennement pour sa survie en sillonnant la campagne sur sa mobylette – la fameuse Motobécane – et qui ne ferait pas de mal à une mouche est accusé du pire délit tant sa naïveté est grande face à l’impitoyable société prête à tout, jusqu’à manipuler les cœurs, pour s’octroyer une bonne conscience.
Points forts
• Transposée dans la Picardie natale de Bernard Crombey, la pièce fait de son héros un “gilet jaune“ avant l’heure – elle a été écrite il y a 10 ans – un déclassé magnifique et poignant. Il n’aurait jamais dû s’aventurer dans une histoire qui l’a pris dans sa toile d’araignée. Il émane de ce personnage une humanité considérable, qu’il prodigue en accueillant et hébergeant la petite Amandine. Et même s’il sent confusément qu’il risque de s’y perdre, il ne peut se résoudre à la renvoyer chez elle.
• Nous assistons à la rencontre entre l’homme et l’enfant, qui partagent une même sensibilité, profonde et dévastée face à l’injustice. Ils vont essayer de guérir ensemble, en se retranchant de la communauté des humains, qui les harcèlent avec leurs règles implacables. Bernard Crombey vit pleinement cette rencontre en se glissant dans la peau du personnage. Tout en retenue, en finesse et en délicatesse mais avec une rare intensité, il livre une performance en forme de témoignage.
• Montée il y a dix ans à Avignon et présentée chaque année aux “tourneurs“ qui la programme en régions, Monsieur Motobécane a rencontré un succès constant et gagné une réputation flatteuse. Bernard Crombey en a déjà donné 500 représentations, sillonnant la France, tel un Monsieur Motobécane survolté. Voilà une pièce partie pour devenir un classique.
Quelques réserves
• D’une pièce aussi bien rodée depuis 10 ans, on pourrait s’attendre à une mise en scène qui intègrerait les deux éléments constitutifs d’un décor volontairement réduit à sa plus simple expression : la mobylette et le casque. Il y avait de quoi jouer avec eux, alors que l’acteur reste plutôt statique durant presque toute la pièce.
• Tout en comprenant le parti pris de sobriété afin de rendre la puissance des mots, l’on ne peut s’empêcher de regretter cette austérité, alors que le théâtre c’est aussi jouer avec les objets, intégrer l’histoire dans l’espace et la gestuelle offerts par la scène.
Encore un mot...
Rencontre surprenante et troublante avec l’Autre, qu’un langage authentique fait émerger au-dessus des lois et balaie toutes formes de préjugés. Une leçon de vie prend forme dans une vibrante symphonie humaine.
Une phrase
• « Je suis tout seul dans ma chambre à barreaux, 9 mètres au carré. Parce que Monsieur le juge a dit, ce que j’ai fait avec la petiote fillette Amandine, c’est un cas très grave ».
• « Monsieur Motobécane, on me connaissait de réputation, toujours collé à la scène sur une mobylette bleue ».
L'auteur
• Après un prix de comédie moderne et classique au Conservatoire National d’art dramatique en 1974 et une proposition d’intégrer la Comédie Française, Bernard Crombey rejoint le cinéaste Alain Cavalier, co-écrit et collabore à la réalisation de Libera Me, primé au Festival de Cannes en 1992.
• Au théâtre, il joue dans une vingtaine de pièces dans les théâtres privés et publics. Il a interprété de nombreux rôles à la télévision, et on le retrouve également au cinéma, dirigé par B. Blier, Chesnais, Cl. Lelouch, ou J. Becker …
• Un documentaire Six portraits XL – Bernard a été réalisé par Alain Cavalier pendant la tournée de Monsieur Motobécane en 2018.
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